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                   ET DE SA RÉPARATION.                   205

serva l'homme veut le réparer, puisque sa conservation im-
plique sa réparation ; que de là, Dieu envoie à sa créature,
par cette même et immuable volonté d'amour, le secours ab-
solu qui lui est devenu nécessaire pour arriver aux fins assi-
gnées par ses immuables volontés. Eh bien ! comme la li-
berté est le moyen qui a été donné à cette créature pour y
arriver, c'est la liberté qu'aura surtout en vue ce secours
absolu; si ce secours est envoyé surtout en vue de rendre la
vie à la liberté, il ne pourra ni la violer ni la diminuer


   Aussi, pour accomplir son œuvre délicate, la grâce se con-
duit-elle de diverses manières, suivant l'état de celui qu'elle
vient secourir. Tantôt elle descend comme un feu qui allume
un enthousiasme capable de réveiller une ame entièrement
assoupie ; car souvent la volonté faite à d'autres entraîne-
ments a besoin d'être étonnée et surprise. Et tantôt elle vient
avec la douceur d'une amie, lorsqu'elle s'adresse à une volonté
qui a l'habitude de la recevoir ; car elle lui ménage ses soins
de crainte de prodiguer une charité entraînante qui lui sorte
le mérite de la bonne action.
   S'il est nécessaire que la grâce descende comme une force
pour relever une volonté que la lumière éclairerait en vain,
elle se mesure de telle sorte que celte volonté, une fois mise
en action, dépasse d'elle-même le mouvement qui lui a été
donné, et agisse au-delà du pouvoir qui lui a été commu-
niqué. La grâce n'est alors, si l'on osait parler ainsi, qu'une
sorte d'engrenage de la liberté. Gomme l'on ne mérite que
lorsqu'on aime le vrai bien, le mouvement naturel d'amour
qui dépassera dans ce cas le mouvement imprimé parla grâce,
sera une source d'actes qui, n'ayant plus Dieu pour cause,
seront imputés à l'homme. Vous ne savez pas combien Dieu
est habile a préserver son œuvre ! L'homme ne peut rien sans