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206 DE LA CHUTE DE L'HOMME la grâce, mais une fois qu'elle lui a rendu la liberté, il rede- vient capable de plaire â Dieu I Mais si la volonté est en état de vouloir le bien, la grâce n'apparaît que comme une lumière intellectuelle, parce que, quelle que vive que soit la lumière, elle n'entraîne point la volonté. Les pensées dont elle est l'occasion, ne font que diriger l'attention de l'ame vers le bien; il en est d'elles comme de la loi donnée, elles proposent, mais elles ne dispo- sent point. C'est une lumière intérieure qui correspond avec la lumière extérieure de la loi ; aussi les saints Pères met- tent-ils dans le môme rang que la loi la connaissance de la vérité. Cette position vis-à -vis de la grâce est la seule réelle- ment digne de l'homme ; il doit suffire de lui montrer le bien, c'est à lui de le suivre. Eh bien ! il est une dernière position plus sublime encore, et c'est la grâce qui la lui a faite. Que l'homme, pour agir, ait besoin de la délectation, c'est un esclave; qu'il ait besoin de la force, c'est un enfant ; et qu'il n'ait besoin que de la lu- mière, c'est un homme. Mais qu'il n'ait besoin ni de la force, ni de la joie, ni de la lumière, et que sur une seule parole que lui donna précédemment la grâce, l'homme croie entièrement en elle, encore qu'elle soit absente, c'est alors qu'il porte la vé- ritable marque de l'amour, et c'est de la sorte qu'il lui est glo- rieux de vivre, de combattre et de mourir! Vous avez entendu parler des délaissements des saints, de ces jours de sécheresse intérieure et d'accablement envoyés aux personnes spiri- tuelles; ah ! que Dieu, dans ces moments se réjouit d'avoir créé l'homme ! Oui, la grâce sait se relirer et livrer une volonté sanctifiée à ses propres forces, afin que, d'elle-même et sans secours visible, elle aille produire le bien en face des plus terribles attaques du désespoir et de l'abandon. « Notre mérite et notre avancement dans la vertu, dit le profond auteur de VImitation, ne consiste