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ET DE SA RÉPARATION. 203 son propre mouvement... Mais nous rencontrons là le signS véritable de son affranchissement ! Agir par elle-même! n'est- ce pas le caractère de la parfaite causalité ? Par cette nouvelle position, que lui a faite la grâce, la volonté rentre donc en son état normal. Dès que l'aine est arrivée à connaître le vrai bien et i\ en être nourrie , récupérant substantiellement par cette nourriture sa raison et sa liberté, elle juge de sa situa- tion en toute puissance et en toute connaissance de cause. Elle sait que la concupiscence sensible de la nature et la concupis- cence intelligible de la grâce peuvent encore la subjuguer alter- nativement ; or la première de ces forces étant toujours présente, par le perpétuel contact de la nature, tandis que la seconde, pure faveur, peut se retirer souvent, l'homme resterait dans un état extrêmement dangereux. Que le secours divin vienne a manquer, dans l'habitude où elle est de suivre un mobile, la volonté sera aussitôt emportée par la concupiscence. C'est l'histoire de tous les enfants, et de toutes les personnes dont la volonté reste constamment dans l'enfance. C'est alors qu'une volonté noble, sentant la nécessité de profiter de l'équilibre que la grâce a rétabli, commence à se soulever d'elle-même. Puis, par le sentiment naturel à tout être, elle se sépare de ce qui n'est pas elle, et, pour la pre- mière fois, prend avec une joie indicible la vraie possession de son moi. Enfin , reconnaissant dans son sein cette puissance de détermination qui ne dépend pas d'une cause étrangère, sentant qu'elle n'est plus confondue avec le reste du non-moi, et qu'elle est bien réellement une cause distincte qui a en elle le ressort de ses actes, elle cherche à ne plus agir que par elle-même. Ayant ainsi le pouvoir de contenir ses mobiles et de suspendre son amour , elle a le temps de s'inter- roger froidement , de reconnaître le vrai , et elle s'y porte, non point comme auparavant, par la force d'un mo-