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204                J)E LA CHUTE DE LIIOMMF.

bile, mais de soi, toute seule, par son intime détermination.
   Ainsi peu à peu la volonté s'exerce, peu à peu sa vie, qui
est la liberté, augmente, et bientôt devient, par l'exercice,
cette force incroyable qui engendre la vertu, l'héroïsme, le
martyre. L'homme n'agit plus seulement avec l'instinct, il agit
avec la raison, c'est-à-dire- selon l'Ordre divin. C'est de la
sorte que, par l'emploi de la grâce, l'homme rentre dans son
état normal, qu'il redevient cet être libre et raisonnable que
Dieu avait créé.
   Nous ne sommes chargés que d'être libres. L'homme a - t -
il conquis la liberté, il lient ses droits à l'existence immortelle.
    L'homme ayant été créé producteur d'actes, pour que ses
actes pussent lui être imputés comme à leur cause, il est évi-
dent, par-dessus tout, que Dieu, qui l'a ainsi créé capable
d'obtenir par le mérite, a nécessairement dû, pour ne pas dé-
truire lui-même ce qu'il avait créé, lui dispenser le secours
absolu avec une telle mesure qu'il ne put effleurer cette invio-
lable liberté. Il serait contradictoire de penser que le même
Créateur, qui envoie sa grâce pour conduire sa créature
à son but, abolisse en même temps la condition sans la-
quelle cette créature ne peut y arriver. La grâce, instituée
pour rendre la vie à la volonté, ne pouvait détruire précisé-
ment cette volonté !
   Souvent les erreurs sont compliquées, mais la vérité est
plus simple a saisir. Nous savons que Dieu, par une volonté
immuable, a créé un être capable de mériter ; que cet être, en
s'échappant de sa voie, a perdu une notable partie de ce pou-
voir indispensable; que Dieu, ne pouvant déranger ses lois,
puisqu'elles sont les plus parfaites, veut nécessairement au-
jourd'hui ce qu'il voulut hier, c'est-à-dire qu'il veut éternel-
lement ; qu'alors la même volonté qui créa l'homme veut le
conserver, puisque la conservation n'est que la création se
poursuivant; que, conséquemment, la même volonté qui con-