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                   ET DE SA UÉPAHATION.                   18!)

   Comment, dans cette nature humaine appauvrie, ont
pu survenir ce désintéressement et cette bravoure su-
blime qu'elle ne possédait plus et qui lui ont fait dé-
faut à son origine ? Comment ces esclaves du plaisir
sont-ils devenus les fils libres et immortels de Dieu sur la
terre ?
   Comment une volonté, qui à son origine droite el forte
n'a pu remporter une victoire facile, peut-elle, après avoir
reçu l'échec d'une semblable défaite, produire des actes d'un
héroïsme parfait ? Quelle nouvelle propriété a été ajoutée
à la nature humaine : un être abandonné a l'inertie fran-
chit-il l'espace sans qu'une force étrangère lui donne le mou-
vement ?
   Quelle est donc cette force étrangère à la nature humaine,
qui ne sort point d'elle puisque au contraire elle vient en
elle; cette force qui produit le bon mouvement, l'inspiration,
le trait de lumière, le courage et l'espoir ? cette force qui
inspire la grandeur au héros, la vertu au sage, la pensée au
poète et l'espérance au malheur ?
   Car, sans aller si loin, la preuve psychologique de ce se-
cours étranger, je la trouve toute dans ce seul fait de ma pro-
pre expérience.
   Pourquoi, à telle époque, ma liberté étant entière et ma
volonté également sollicitée, ne me suis-je pas décidé à telle
bonne action, et me sentais-je dans un état complet de sé-
cheresse pour le bien, pour le beau, pour le vrai? Et pour-
quoi, à telle autre époque, ma liberté n'étant ni plus ni
moins grande, et ma volonté étant pareillement sollicitée,
me suis-je décidé à telle bonne action, et me sentais-je dans
un état heureux de ferveur pour le bien, pour le beau, pour
le vrai ? Pourquoi hier n'ai-je fait que le mal, et pourquoi
aujourd'hui ai-je pu faire le bien? Cependant ma nature
humaine est la même , toujours composée des mêmes fa-