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UT DE SA REPARATION. 179 bonheur, toujours plus encline à s'aimer elle-même qu'à se donner par amour. Droite, elle est tombée du faîte de l'inno- cence; blessée, se relèvera-t-elle de l'abîme du mal? Où est donc la réparation? Car, après l'acte sublime qui vient de s'opérer dans l'infini, l'homme rentre comme précé- demment dans une position irrémédiable, parce que la li- berté n'en finira plus. Il faudrait qu'une réparation incessante fit face aux actes incessants de l'homme, qu'elle fût aussi intarissable que la liberté ! L'infini n'y suffirait pas. Cependant, Dieu ne produit pas des actes que le passé em- porte avec lui. La réparation existera, parce qu'elle ne ces- sera : opérée dans l'éternité, elle entrera dans le temps ù côté de la liberté humaine. Si la chute se poursuit dans le temps, l'œuvre de la réparation s'y poursuivra sans interrup- tion. Car Dieu substituera un système établi de réparation au système primitif de la création. Et ce système rentrera plus parfaitement que jamais dans les données du temps ; rien n'aura été plus parfaitement ap- proprié à une créature confiée aux soins de ses œuvres. Il fallait un système de réparation pour répondre à un système de liberté. La liberté, parce qu'elle est le moyen du mérite, peut à tout instant faillir ; la liberté doit pouvoir être à tout instant relevée. La réparation est la conséquence du système de liberté : le temps n'est que le domaine du révocable. C'est ainsi que le système de la réparation rentre dans le plan primitif de la création et l'accomplit. Par sa chute et l'éloignement de son être, l'homme a perdu une partie de son cœur, une partie de sa raison et une partie de sa volonté. Il n'aime plus, il ne voit plus et ne peut plus, que pour les choses delà terre. L'homme ne se trouvant plus en rapport qu'avec la nature, les sens sont devenus presque la seule voie de son ame : l'expérience a remplacé la vision, la