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i 72               m: LA CHUTE DK L'UOMMK

   Si donc, on rencontre dans la création une pensée qui dé-
serte le temps, un désir qui convie l'immortalité, un amour
prêt à repousser toute la nature pour aspirer à l'infini, ce
ne sera plus de l'Ordre naturel, ce sera là d'un Ordre ton!
à fait surnaturel, c ' e s t - à - d i r e supérieur à la création.
Une étincelle de l'absolu sera descendue pour soulever I"
relatif!



   Si Dieu n'avait créé que pour sa gloire, le cercle de la créa-
tion n'eût pas été franchi. Conformément aux lois du créé.
tous les êtres eussent vécu d'une vie naturelle ou relative,
el, heureux des biens de ce monde, ils y eussent également
atteint une fin naturelle.
   Mais Dieu ayant créé pour son amour, a désiré que des
êtres franchissant les limites du relatif pour arriver jusqu';!
lui, pussent prendre part à une vie sur-naturelle, c'est-à-dire
à la vie absolue. Or, pour échapper ainsi aux lois qui fixent
éternellement les bornes de toute création, pour échapper î>
ces lois gardiennes de l'être et qui sont l'absolu lui-même,
nous allons voir quelle grâce il a fallu !
   Et d'abord notre être est une grâce, puisque Dieu nous l'a
donné sans que nous l'ayons mérité. Dieu nous fit donc la
grâce de nous donner l'être. Mais ce que nous avons encore
moins mérité, c'est un droit pour cet être à la félicité éter-
nelle. Aussi est-ce là ce qu'on appelle proprement la Grâce,
tant ce don reste au-dessus de celui de la nature.
   Par la nature, qui nous a conféré l'être, Dieu nous a donné
nous-mêmes à nous-mêmes; mais par la grâce, qui confère
la fin absolue à noire être, Dieu se donne lui-même à nous !
C'est pour ne plus confondre ce magnifique don avec celui
que les êtres créés possèdent comme nous, qu'on appelle pro-
 prement la nnlure les biens que nous recevons pour noire