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                    ET DE SA RÉPARATION.                       171

   Dieu, en créant, pouvait donc placer les créatures dans les
deux premiers degrés de l'être. Il n'a pu les placer dans
le troisième : on ne peut transmettre à ce qui n'est pas par
soi-même la vie qui est par soi-même, ou la vie absolue.
Pour communiquer une pareille vie, il faudrait pouvoir pren-
dre une toute autre voie que celle de la crêalion. Dieu peut
créer, mais non pas donner l'absolu.
   La création ne saurait donc fournir que les deux premiers
degrés de l'être, l'existence et la vie. Car, en tant qu'elle est
la création, il est clair qu'elle ne peut donner ce qui existe
par soi-même. Autrement elle rentrerait dans le cercle éter-
nel du propre engendrement divin , elle ne sérail pas lit
création.
   Ainsi, les deux premiers degrés peuvent être transmis, le
troisième ne le peut. Et la raison, comme nous venons de le
voir, en est (oute simple : c'est qu'il ne saurait être que par
lui-même. Le conditionnel et l'absolu ont leurs bornes éter-
nelles. Toute existence relative expire sur les frontières de
Dieu.
   Ces deux degrés de l'être, qui constituent le cercle néces-
saire de la création, forment ce qu'on appelle l'ordre de la na-
ture. L'homme lui-même, déposé sur la terre, appartient h
l'ordre de la nature ; car il existe, et, par la vie, il sait qu'il
existe. Seulement, son intelligence lui donne une plus par-
faite conscience de son existence comme de tout ce qu'il esl,
et sa volonté une plus parfaite conscience de sa vie comme
de tout ce qu'il peut.
   Mais, avec toutes ces facultés, il ne peut franchir l'ordre de
la nature, car avec toutes ces facultés il ne peut exister par
lui-même. Par lui-même il ne saurait même pas, s'il n'en a
été averti, concevoir la pensée d'une vie au-delà de l'ordre
de la nature, ainsi que l'a prouvé l'histoire des peuples de
l'antiquité.