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138 MADEMOISELLE DE MAGLAND. lois, quand on a joui de ce splendide spectacle, les rêves viennent en reconstruire fabuleusement les effets magiques ! C'était dans ce coin de terre si favorisé du ciel que la famille O'Kennely était venue passer l'hiver auprès de Marie. Cet adorable couple , qui donnait l'exemple des vertus qu'il prêchait, s'était entièrement dévoué à leur amie; c'était de ces âmes à la fois pleines d'énergie et de tendresse, dont l'activité ne s'exerce que pour au- trui, jamais pour elles mêmes; Sara et son mari entreprirent la tâche difficile de ramener Marie à la tranquillité; au bonheur; ils santaient que c'était tenter l'impossible. L'affection sans borne de Sara, la haute raison et la douce philosophie de son mari, dispen- sant tour à tour le blâme et le conseil, aidèrent plus d'une fois Marie à vaincre ses douleurs, et lorsqu'au printemps il fallut se quitter encore, ils purent emporter l'espoir qu'elle se résignerait à son sort. Ce fut à son retour au Pré-de-Vert que Sara lui écrivit la lettre suivante : XIV. Mme O'KENNELY A MARIE DE MAGLAND. Nous voilà encore une fois dans ce lieu de prédilection, que j'au- rais revu avec tant de plaisir, s'il n'avait pas fallu vous quitter pour y revenir ; où je serais si heureuse si j'avais seulement l'espoir que vous le serez un jour vous-même ; laissez-moi croire, ma chère Marie, que mes vœux les plus ardents seront exaucés, et que vos blessures se fermeront un jour. Dieu a de grandes miséricordes pour les âmes comme la vôtre. La Providence vous doit de vous aider à vous guérir du rude coup qui vous a frappée, car, noble cœur que vous êtes, vous l'avez reçu sans colère et sans haine. Ne laissez pas alanguir votre esprit dans les rêveries et les exaltations solitaires ; demandez au travail le secret d'échapper à leur charme