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MADEMOISELLE DE MAGLAND. 1 39 décevant, poison funeste qui détruit les plus belles organisations. Quand le calice se montrera trop amer, songez qu'il est encore des affections sincères, des sentiments vrais, des cœurs qui vous soni tout dévoués, et que Dieu n'a pas mis le bonheur ici-bas dans l'a- mour seulement. Laissez poindre à votre horizon l'espoir des jours meilleurs ; l'espérance est comme ces fleurs qui croissent et s'épa- nouissent sur le roc battu par la tempête, elle fleurit dans les cœurs 'es plus dévastés. D'ailleurs, quelque puissance de commémoration que l'homme ait pour la douleur, il ne peut consacrer ses jours à d'éternels regrets; en admettant qu'on puisse appliquer ce grand mot d'éternel, à des peines qui durent si peu, quand elles durent toute la vie. Pourquoi crier sans cesse que la joie est passagère, et oublier que le deuil doit à son tour passer comme tout ce qui tient à l'humaine nature? A chaque pas que nous faisons dans la vie, nos douleurs s'éloignent de nous; et quand nous nous retournons pour voir le géant dont la hauteur écrasante semblait menacer nos jours, nous ne voyons plus '• A l'entrée de la vie, l'imagination pare l'amour, l'amitié et toutes choses de couleurs si éclatantes, qu'il est impossible, quelque belle que soit la réalité, qu'elle n'éprouve pas de cruelles déceptions; mais il ne faut pas se retirer devant l'ave- nir comme devant un ennemi avec lequel on dédaigne de combattre ou de se réconcilier ; vos plaies saigneront longtemps encore ; l'ou- bli vous sera moins facile que le pardon ; les femmes ont sur les hommes le triste avantage de la constance ; nous tenons à notre amour comme eux à leur honneur ; mais le temps qui nous entraîne avec lui, et nous modifie à notre insu, vous amènera un jour à sen- tir que les sources de l'amour tarissent, et que lui même n'est pas l'histoire de la vie tout entière ; vous comprendrez combien les joies paisibles de la sainte amitié sont préférables aux bonheurs tour- mentés de la passion ; vous arriverez à penser qu'il est doux après un long temps d'orage, de se reposer dans un sentiment calme et durable. Ne repoussez pas, je vous en supplie, les biens à votre portée, jouissez-en, au lieu de les méconnaître; reprenez vos ha- bitudes studieuses; livrez vous à la toute puissance que les arts exercent sur vous ; laissez-vous aller aux impressions douces et tranquilles que vous trouverez autour de vous; no refusez pas votre