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66 EXPOSITION peinture consciencieuse comme peu d'artistes ont le don ou la vo- lonté d'en faire. L'art religieux, envisagé au point de vue des besoins du culte dans les villes et les villages de France, a créé pour l'administration centrale des beaux-arts l'obligation de faire exécuter à peu de frais un grand nombre de tableaux ; c'est par des commandes de cette nature qu'on encourage, qu'on éprouve les talents encore ignorés des jeunes peintres, bien souvent trop pressés de se produire, et qui ne peuvent manquer d'échouer dans un genre dont les exigences sont encore plus grandes que celles de la peinture d'histoire. Pres- que toujours il arrive qu'à ces conditions difflciies à remplir, les jeunes artistes n'opposent que de l'impuissance ou de ridicules ef- forts; delà naît cette foule d'ouvrages avortés, d'une exécution plus ou moins défectueuse, mais généralement médiocre, qu'on voit revenir à tous les salons. Nous avons, cette année, la grande toile de M. Lefèvre, exempte, il est vrai, de l'exagération et du fracas qui est le défaut ordinaire de ces sortes de tableaux, mais dont la composition manque d'unité et de concentration d'intérêt ; cette absence de parti pris et la lumière répandue trop uniformément nuisent à l'ensemble ; de là le manque de relief, de solidité, qui donne à ce tableau l'aspect d'une fresque. On y remarque de fort belles têtes, des poses bien entendues, des draperies de bon goût. Nul doute qu'un jour M. Lefèvre ne soit ap- pelé à prendre une place honorable parmi nos bons peintres d'histoire. Aux lueurs d'un soleil qui s'éteint dans de chaudes vapeurs, une nef élégante glisse sur les eaux de la Brenta, c'est Marino Faliero, Helena et Fernando, dont les élégantes figures se découpent sur un ciel chaud et lumineux ; la couleur de ce tableau est harmonieuse ; nous avons aussi de M. Leullier des Chevaux sauvages surpris par un Lion, où l'on retrouve toute l'énergie de son crayon unie à la richesse de sa palette. Les tableaux de M. Duclaux renferment, à un degré assez éminent, toutes les qualités de cet habile maître; il y a progrès dans la couleur, mais la touche pourrait être plus ferme; ses animaux sont d'une grande pureté de trait, peut-être auraient- ils plus de modelé s'ils étaient moins travaillés, car le soin extrême