Revue du Lyonnais » série 1 - n°23 ( 1846 ) » pp.063

              DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS.                       63
son grand tableau le Convoi vendéen ; c'est une composition simple
et pleine de mélancolie, dont le ton de couleur est bien en rapport
avec la pensée. Les détails en sont spirituellement indiqués ; la
touche en est à la fois ferme et moelleuse ; toutes les poses sont
vraies, sans effets cherchés, et l'ensemble se compose bien ; en un
mot, c'est une des meilleures pages du salon.
    Il y a loin de M. Guillemin à M. Compte-Calix ; toutefois ses
 compositions sont de celles que le public trouve agréables ; A tra-
vers Champs offre quelques qualités do couleur et de dessin ; ses
deux autres tableaux rappèlent trop, par leur coloris, la peinture
sur porcelaine ; nous lui reprocherons aussi de se recommencer
sans cesse, il n'a que trois têtes sous la main qu'on retrouve dans
tout ce qu'il produit; son crayon devient maniéré ; dans les choses
qui ont la prélention d'être des représentations de scènes de fa-
mille, il faut d'abord du naturel ; viser au précieux dans un temps
où le vrai est en honneur, est une maladresse. M. Compte-Calix a
fait souvent beaucoup mieux que les œuvres dont il nous force à
relever les défauts. Il peut se trouver quelques personnes qui ad-
mettent le genre que M. Compte-Calix semble vouloir adopter,
mais qu'il y prenne garde, les applaudissements du vulgaire ont
gâté plus d'artistes (pie n'en a découragé la critique sévère des vé-
ritables amis do l'art. On peut adresser les mêmes reproches à no-
tre compatriote Pirouelle, qui a une certaine tendance à devenir
coloriste , mais qui est encore loin de la perfection du dessin.
  Dans les tableaux de M. Chavanne, qui sont d'une belle couleur,
on remarque des groupes bien composés, et peut-être y trouverait-
on de jolis détails si l'on pouvait les voir de près.
   On a pu reprendre, dans la Vierge de M. Cibut, un peu d'incerti-
tude dans l'effet général ; on a dit que la lumière, trop également
répartie, ne laissait pas assez de ressort à la tête principale, mais il
n'en reste pas moins établi que c'est là une production qui attire
tout d'abord les regards. Toutes les parties en sont traitées cons-
ciencieusement, et la couleur y est belle partout. Dans son Galilée,
on remarque une excellente manière de peindre les accessoires, aux-
quels il se garde bien de donner le premier rôle. Calme et sobre