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f)'l EXPOSITION dans son harmonieux coloris, M. Cibot a redouté les effets trop éclatants qui éloigneraient l'attention de ses figures si simples et si vraies; peut-être pourrait-on reprochera cet artiste d'avoir négligé de mettre certains accessoires en perspective, mais on peut facile- ment s'apercevoir que cette partie du tableau n'est pas terminée. Tout le monde connaît le charmant passage des Confessions de J.-J. Rousseau, où il raconte comment il aida M'ie Galley à fran- chir un gué. Cette scène, pleine de suavité et de grâce, devait four- nir le sujet d'un charmant tableau de genre. M. Jules Duval Lecamus en a fait une chose qui n'est pas sans mérite, mais qui ne traduit pas du tout le charme de la narration : c'est froid d'expression et d'as- pect ; il n'est pas jusqu'au paysage qui n'ait l'air triste; quoique médiocre de sentiment, ce tableau a de réelles qualités de dessin et de peinture. M. Duval-Lecamus père se continue dans son style mou, lâché, sans caractère, qui lui a valu ses succès; les tableaux qu'il nous a envoyés ne sont ni pires ni meilleurs qu'à l'ordinaire. Les œuvres de M. Magaud annoncent de profondes études. Le dessin vrai, sans recherche, de sa Descente de Croix est bien loin de ce mépris des formes qu'on affecte aujourd'hui par une contra- diction singulière avec la propension qu'on a pour la reproduction scrupuleuse de la nature. L'effet général de ce tableau est calme, peut-être un peu froid. La couleur est vraie, mais elle manque d'éclat et de solidité ; les têtes et les extrémités sont peintes avec autant de soin que de goût. La couleur est plus énergique dans l'Episode du Massacre des Innocents, le dessin serre de près la forme, la figure de la femme est très belle; sa pose et l'expression de sa physionomie concourent à un ensemble tout à la fois simple et majestueux. La Sara de M. Bouterwek est plutôt de la jolie peinture que de la bonne peinture ; quoique d'un agréable aspect, elle manque de fer- meté, l'œil passe à travers la toile. LeWatteau de la Bible, M. Schop- pin, au contraire, a montré la finesse et la vigueur de son coloris dans ses deux charmants petits tableaux. On y remarque de pi- quantes figures de femmes, mais celles de don Quichotte et de San- cho ne nous semblent pas rendre l'expression de ces types fameux.