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14                       MÉMOIRK SUR L'ATLANTIDE.

terres. Autre point de rapport : la société était divisée, chez
les Guanches comme en Egypte : des femmes, espèces de ves-
tale, nommées Magades, exerçaient chez eux le sacerdoce ;
en Egypte le môme usage avait lieu, malgré le témoignage
d'Hérodote mal informé : (1) môme pompe aux cérémonies du
sacre des rois ; môme respect pour la majesté royale, mômes
honneurs aux cendres des rois défunts. Tels sont les rapports
principaux que les Guanches présentent avec les habitants de
la vallée du Nil. Ne sont-ils pas frappants, et doit-on les at-
tribuer seulement au hasard et aux circonstances? Ne mon-
trent-ils pas entre les deux peuples une commune origine ?
et combien de rapports plus nombreux et plus frappants ne
découvririons-nous pas, si nous connaissions davantage les tra-
ditions, les usages, les mœurs et la constitution politique de
ce peuple si intéressant, malheureusement si peu connu, et
dont la race, depuis plus de deux siècles, est entièrement
perdue.
   Maintenant se présente une question bien problématique et
sur laquelle l'antiquité ne nous a transmis aucun témoignage :
nous ne pourrons, par conséquent, nous appuyer que sur des
probabilités. Les Atlantes ont-ils porté leurs émigrations
jusqu'en Amérique, et serait-ce par eux que cette partie du
monde aurait été en premier lieu peuplée? Cela est grande-
ment vraisemblable, car examinons la position de l'Atlantide
par rapport à l'Amérique. S'avançant, au nord, jusqu'aux
Açores et peut-être môme au-delà, étant, au sud, à deux cenls
lieues seulement de la côte de la partie appelée depuis le Bré-
sil, elle devait se trouver assez rapprochée de ce continent; et
était-il difficile à un peuple navigateur, aux enfants de Nep-
tune, de porter jusque-là leurs flottes et leurs émigrations
aventureuses? Des îles, sans doute, intermédiaires devaient


     (i) Livre II, ch. 35 et :>',.