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10                  MÉMOIRE SUR L'ATLANTIDE.

calamités de toute sorte, et errants de tous côtés ; les Atlantes
qui avaient vu une si grande partie de leur pays bouleversée
et engloutie par les eaux, durent fuir une terre malheureuse
qui semblait dévouée au courroux des Dieux, et chercher au-
delà des mers d'autres demeures et une patrie nouvelle. Le
nom de Pélasges veut dire : hommes de la mer Méditerranée
(car Pelagos YïsXxyog est le nom que les Grecs donnaient à
cette mer). Or, l'Atlantide n'est-elle pas du côté de la mer
et au-delà de la Méditerranée par rapport à la Grèce ?
Pélasgus, que la Grèce antique fait père des Pélasges, était
Arcadien, du canton même de la Grèce qu'ont occupé les
Atlantes. Enfin, on trouvait des Pélasges partout en Grèce,
en Illyrie (1) et aussi dans la Sicile, la Sardaigne, l'Italie (2),
qui étaient les pays les plus exposés aux invasions des Atlan-
tes orientaux, et ceux vers lesquels durent se porter leurs émi-
grations après les désastres de leur contrée (3).
   Après avoir vu le peu que l'antiquité nous a transmis sur
les Atlantes, examinons si dans les temps modernes nous ne
trouverons pas quelque vestige de ce peuple si intéressant, et
si, dans les parties qui ont été dérobées à la submersion, il
 ne se rencontrerait pas quelque reste, quelque indice de leur
séjour qui ail échappé à cette longue suite de siècles qui les
 sépare de nous.
  (i) L'italien Formaleoni, auteur d'une histoire estimée de la navigation
et du commerce des peuples anciens, dans la mer Noire, prétend que les
Liburniens, peuple de I'Illyrie, descendait aussi des Atlantes, et il annonce
qu'il prouvera ce fait dans un ouvrage intitulé : Origines Vénitiennes, ou-
vrage qui, probablement, n'a pas paru.
   (2) Eusèbe, dans ses Chroniques, raconte que le Latium avait été peuplé,
dans les temps primitifs, par des colonies de Lybiens (Livre I, ch. 43, n° 2),
   (3) « Comment, dit Frèret (Mémoires des Prescriptions et Belles-Lettres.
tome XVIII, p. 90), peut-on concevoir que deux petites provinces de la Thes-
salie et du Peloponèse aient pu fournir un nombre de colonies assez considéra-
ble pour remplir à la fois le continent de la Grèce, les îles de l'Archipel,
les côtes de l'Asie Mineure et toute l'Italie. »