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447 que anglais, beau-père de Frédéric , qui résigna lâchement sou royaume au Saiut-Siége , se déclara son vassal, s'engagea à payer à la cour de Rome un tribut annuel de mille marcs d'argent, et, dépouillé de ses armes et ornements royaux, se soumit honteusement, à genoux, à la cérémonie humi- liante de l'hommage, devant un simple légat du pape, assis sur un trône. Mais à peine eut-on commencé la lecture de cet acte, que tous les ambassadeurs d'Angleterre se levèrent spontanément, et déclarèrent qu'ils s'opposaient à ce qu'on allât plus avant ; le comte de Norfolk (1) repoussa avec énergie les prétentions de la cour de Rome. « Je m'étonne, dit-il, qu'on vienne ici nous parler de la donation du roi Jean, car on devrait savoir qu'un roi d'Angleterre ne peut, sans le consentement de ses barons, soumettre le royaume à une domination étran- gère ; nous ne sommes point venus à ce concile pour laisser humilier et insulter la nation anglaise ; nous y sommes venus pour demander justice des exactions et des rapines de la cour de Rome. Croyez-vous que l'Angleterre puisse voir de sang- froid tous les bénéfices ecclésiastiques, toutes les richesses du peuple anglais passer entre les mains du clergé italien, et qu'elle se laisse encore long-temps écraser de taxes arbi- traires pour satisfaire votre cupidité? Il est temps qu'un pa- reil despotisme finisse, et nous demandons qu'on s'occupe de le faire cesser. » Le pontife parut d'abord un peu troublé de cette brusque interpellation, mais, se remettant bientôt, il répondit adroi- tement que c'était une affaire trop importante et trop déli- cate pour être traitée légèrement et dans une pareille cir- constance ; il ajouta qu'on s'en occuperait plus tard ; les am- (1) Nous avons attribué au comte de Norfolk, comme chef de l'ambassade anglaise, cette interpellation au pape ; cependant Mathieu Paris dit que ce fut Guillaume de Pouveric , un des membres de cette ambassade, qui prit la parole.