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d'assister au concile, alléguant sa pauvreté , qui ^ne lui per-
mettait pas d'entreprendre un voyage si dispendieux , ce qui
était un reproche indirect à la cour de Rome des exactions
qu'elle faisait peser sur les prélats d'Angleterre pour enrichir
le clergé ultramontain ; de sorte que le concile n'était réel-
lement point un concile général, puisqu'il n'était composé
que de la minorité des prélats de la chrétienté , et que ces
prélats étaient presque tous ennemis déclarés de Frédéric ;
Jacques Pantaléon , archidiacre de Laon, qui fut ensuite
pape, sous le nom d'Urbain IV, assistait aussi à cette as-
semblée.
    Innocent IV, après avoir célébré les cérémonies religieu-
 ses , fit l'ouverture du concile ; il prit pour texte de son dis-
 cours ces paroles du prophète Jérémie :
     « 0 vous tous, qui passez par le chemin, regardez et voyez
 s'il est une douleur égale à ma douleur (1). »
     Puis il exposa les motifs qui l'avaient déterminé à convo-
 quer l'assemblée ; le premier était le dérèglement des prélats
 et des chrétiens (2) ; les autres étaient les progrès des Sarra-


   (1) O vos omnes qui transitis per viam , attendite et videte , si est dolor,
sicut dolor meus.
   (2) Les mœurs devaient être très-dissolues à cette époque, si on en juge
par les documents contemporains, presque toutes les assemblées ecclésias-
tiques de ce temps faisaient des règlements pour [a réforme des mœurs. Le
pape Innocent III, au concile général de Latran, de 4215, concile célèbre
par le 2 1 e canon, qui ordonne de se confesser au moins une fois l'an et de
communier à Pâques, fit une allocution aux prélats pour les engager à ne
pas s'adonner au vin et aux femmes. Nous rapportons ici, pour ne pas en
affaiblir l'énergie, le texte latin de cette allocution , qui nous a paru méri-
ter d'être citée :
   « Caveamus nihilominus a coucupiscentia mutierum ; nam vinum et mu-
lieres faciunt apostatare sapientes ; et propter speciem mulieris multi perte-
runt. Viae infeii domus ejus pénétrantes in interiora mortis , semper illam
prœcedunt ardor et pelulantia, semper comilantur fœtor et immunditia ,
semper sequuntur dolor et pœnilentia. Favus enim distillans labia meretricis,