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lasserai jamais de combattre pour le salut du peuple et le
signe de la croix. Continuons à résister avec courage, et
peut-être un jour jouirons-nous de la douce paix, quand
tous les payens seront morts.
   — Pour moi, s'écrie l'invincible Roland, jamais ce bras
ne sera las de combattre. Tous les jours de ma vie, je
ferai, s'il le faut, bonne guerre aux payens. Mais plaise
à Dieu qu'il en reste après nous, mon oncle; que nos fils
aient la noble joie de les vaincre à leur tour.
   —-Roland, lui dit le courtois Olivier, ne seras-tu donc
jamais rassasié de carnage et de sang ? S'il est beau de
vaincre pour la croix, il est bien doux aussi de vivre en
paix dans ses heureux domaines. N'a-t-il pas un cœur de
fer celui qui peut quitter, sans verser quelques larmes,
une sœur, une mère, ou sa bien-aimée, que peut-être il
ne reverra plus.
   Le bon archevêque Turpin parla à son tour; vous allez
savoir ce qu'il dira : J'ai long-temps préféré à tout autre
bruit le bruit des armes; mais je vieillis, hélas! et tous
les ans l'armure de paladin me semble plus pesante et
le repos plus doux. Mais puisqu'il m'a fallu quitter mon
beau palais et mes celliers pleins du bon vin de France,
pour aller combattre ces payens, ces fils de Satan, que
Dieu confonde, je veux frapper de telle sorte dans la
mêlée, que ceux que j'atteindrai ne me dérangeront
plus.
   Roland fut le seul qui ne loua pas le discours du cou-
rageux archevêque; car jamais il ne loua personne, si ce
n'est son ami Olivier ; et s'il le loua deux fois,. il le blâma
plus de six.
   Cependant le repas est fini, et les convives se lèvent .
on enlève les Coupes d'or et les tables d'argent ; l'empe-