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182 chevelure noire, brillante et bouclée, dont le béné avait respecté la beauté, un certain air de paresseuse langueur, répandu sur tout leur ensemble, s'harmonisait parfaite- ment avec l'originalité de leur costume; une robe en forme de tunique, qui s'appelle djouba en arabe, faite du plus beau velours de Gênes, toute couverte de broderies d'or et de pierres précieuses, couvrait une autre tunique de mousselme également brodée d'or, et un large pantar Ion de soie; ce dernier vêtement offre assez de ressem- blance avec un de nos jupons dont on aurait cousu le bas, à l'exception des deux, extrémités, pour passer les jambes; elles ne portaient point de bas, mais elles avaient trois paires de pantoufles,, les unes sur les autres. Les premières, de maroquin jaune, de forme exactement ovale j avaient été quittées en entrant, les secondes, en velours vert uni en couvraient d'autres en velours rouge, faites comme des mules, très-pointues et richement bro- dées d'or. La coiffure était digne en tout point de toutes ces magnificences. Les cheveux tressés en nattes innom- brables , mêlés à une profusion de perles et de turquoises, étaient attachées avec des mouchoirs de mousseline brodés d'or, et formaient un nœud de côté; un diadème étince- lant de pierres précieuses, surmonté d'un croissant, était placé au-dessus de ce turban superbe ; un caprice plein d'élégance avait substitué deux fleurs naturelles aux bou- cles d'oreilles. Après s'être dépouillées de leurs djoubas, Moun et Mollah nous conduisirent dans une troisième chambre, où un immense bassin de marbre blanc nous servit de baignoire commune. L'eau, tiède d'abord, acquit bientôt un tel degré de chaleur, qu'il nous devint impossible de la supporter; nous sortîmes de la baignoire sans en éprou-