Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                      449
mort sur vingt champs de batailles, versait des larmes aboi
dantes , se frappait la poitrine, et s'écriait : 0 jour de c o l è r e ,
d'infortune et de misère (1).
    Frédéric montra plus de fermeté ; lorsqu'il eut appris la
décision d'Innocent IV, il se fit apporter la couronne impé-
riale, et la mettant sur sa t ê t e , il dit aux seigneurs qui l'en-
touraient : « Qui donc serait assez puissant pour exécuter les
volontés de cet arrogant pontife ? Avant qu'elle ne tombe , il
y aura bien du sang répandu ! »
    La décision d'Innocent IV était bien l o i n , en effet, d'avoir
abattu son adversaire. Obligé de lutter contre le clergé d'Al-
l e m a g n e , qui s'était soumis aux ordres du pontife, et contre
la ligue des villes de la Lombardie , de repousser les atta-
ques d'Henri Landgrave de Thuringe , porté à l'empire par-
les électeurs, et celles de Guillaume de Hollande, qui suc-
céda à Henri, Frédéric fit encore trembler tous ses ennemis.
Innocent IV, de son c ô t é , ne restait point inactif; peu de
temps après le concile de Lyon, il eut une entrevue à Cluny
avec le roi de France; Louis IX y v i n t , accompagné d'un
nombreux cortège qui pouvait passer pour une petite armée.
   « Se vous vissiez , dit l'historien Guillaume de Nangis,
comme sa gent étoit glorieusement en armes, ordonnée par
diverses parties et troupeaux autour de l u i , vous dissiez cer-
tainement que ce fut un host ordonné à bataille. Devant,
alloient cent sergens bien montés et appareillés , les arba-
lestres aux m a i n s ; et autre cent les suivoient, les hauberts
vêtus , les haumes aux tètes , et les targes à leur col pendues.
Après ces deux c e n t s , venoient devant le roi cent autres a r -
més de toutes armes, les glaives au poing , forts e t r e l u i s a n s ;
et le roi venait après en la quatrième r a n g é e , environné de
grande multitude de chevaliers a r m é s ; et entra ainsi dans l'ab-
baye de Cluny, où le pape étoit. L'apostole ( l e p a p e ) et le


  (1) Dies iste , aies ira , calainitatis et tniseriœ.
                                                 MATHIEU PARIS , Hisl. Angl.
                                                                  29



                                          "S
                                           "