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   les abstractions, ou qui courent après les inventions pour
   acquérir de la célébrité. Il n'étudiait les principes que
   pour en faire une application utile. Le bien de ses sem-
   blables était l'unique but de ses recherches et de ses médi-
   tations ; qu'importent à la société les inventions et les
   découvertes qui, se bornant à satisfaire quelques ambitions
   individuelles, sont pour elle sans résultat positif...?
      Lorsqu'éclata la grande révolution qui brisa tant d'exis-
  tences politiques, religieuses, sociales, tout ce qui était
* fidèle à ses convictions monarchiques et à la foi de ses
   ancêtres se jeta sur la terre étrangère. Fortement atta-
  ché à ces deux principes, M. de Servan prit, avec trente
  francs dans sa bourse, le bâton du pèlerin et partit pour
   l'exil. Il se retira à Lausanne, où le discours que son
   frère aîné avait prononcé sur la cause d'une protestante,
  le fit d'abord accueillir avec empressement. Bientôt l'af-
   fluence des émigrés, partis la plupart sans ressources, re-
   froidit le premier élan d'une généreuse hospitalité 3 un
   grand nombre d'entre eux se trouva dans une gêne voi-
   sine de l'indigence. Alors l'abbé de Servan tira parti
   de son industrie pour subvenir à ses besoins et à ceux de
   ses proches qui étaient venus le rejoindre. De son ate-
   lier sortaient tous les jours une foule de jolies lanternes
   sur les modèles des Chartreux, des rouets infiniment com-
   modes pour le dévidage, des feux d'artifice d'enfants ou
   de société, et mille autres objets tous plus curieux les uns
   que les autres, qui avaient l'avantage de ne pas coûter beau-
   coup de fabrication et créaient pourtant des ressources suf-
  fisantes pour des personnes honorables. Déjà ce petit com-
   merce avait un commencement d'exportation, car les Al-
   lemands se disputaient les produits de l'industrie fran-
   çaise réfugiée à Lausanne.