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 lecteur des lettres, fondateur des Universités de Naples et
 de Vienne, avait aussi le défaut des grands hommes ; d'une
ambition insatiable, il aspirait non-seulement à la souverai-
neté de l'Allemagne et de l'Italie, mais encore à la monar-
chie universelle. La lutte d'Innocent IV contre lui fut donc
 un bienfait pour la France, qui n'aurait peut-être pas pu
résister à un prince aussi puissant; mais les persécutions de
Frédéric avaient tellement changé le caractère du pontife,
qu'il devint aussi hautain, inflexible, vindicatif, qu'il avait été
jusque là animé de sentiments de justice et de modération ;
la guerre commencée entre ces deux hommes remarquables
ne pouvait plus se terminer que par la ruine de l'empereur
ou du pape. Cependant Innocent IV ne pouvait apporter au-
cune résistance à son redoutable adversaire tant qu'il serait
en Italie. Obligé de fuir, travesli en simple cavalier romain,
monté sur un coursier vigoureux, il arriva à Civita-Vecchia ,
à travers mille dangers, et s'embarqua pour Gênes, où il
entra le 7 juillet 1244, et se trouva momentanément en sû-
reté au milieu de ses partisans.
   Tels furent les événements qui amenèrent le célèbre con-
cile général de Lyon.

qu'Innocent IV fut arrivé à Lyon , il reçut de l'empereur le quatrain suivant:
               Fata notant, stellœque vocant, aviumque volatils
               Totius et subito , maHeus Oïbîs ero.
              Borna diù titubans , longis erroribus acta
               Decidet , et mundi desiuet esse caput.

  (Historia abbatke senoniensis. — Spicilegium tfachery. T. III, p. 366).
   Le pape fît une répoase à Frédéric; elle était également en vers; je ne
me* rappelle pas le texte littéral, dit le moine Richer, mais voici quel en
était le sens -.
                                                      *
   « tes cieux et les destins se tairont; le vol des oiseaux ne parlera point
en ta faveur ; l'univers pourra gémir quelque temps sous la tyrannie ; mais
ta puissance ne sera pas de longue durée ; Rome ou plutôt l'église romaine
dont tu prédis la chute , ne périra pas. J'ai pris le gouvernail de la barque
de saint Pierre pour la diriger au milieu des flots agités d'une mer orageuse ,
et je la préserverai du naufrage. »          ( ffisforà abbatiœ senoniensis ).