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•425 lecteur des lettres, fondateur des Universités de Naples et de Vienne, avait aussi le défaut des grands hommes ; d'une ambition insatiable, il aspirait non-seulement à la souverai- neté de l'Allemagne et de l'Italie, mais encore à la monar- chie universelle. La lutte d'Innocent IV contre lui fut donc un bienfait pour la France, qui n'aurait peut-être pas pu résister à un prince aussi puissant; mais les persécutions de Frédéric avaient tellement changé le caractère du pontife, qu'il devint aussi hautain, inflexible, vindicatif, qu'il avait été jusque là animé de sentiments de justice et de modération ; la guerre commencée entre ces deux hommes remarquables ne pouvait plus se terminer que par la ruine de l'empereur ou du pape. Cependant Innocent IV ne pouvait apporter au- cune résistance à son redoutable adversaire tant qu'il serait en Italie. Obligé de fuir, travesli en simple cavalier romain, monté sur un coursier vigoureux, il arriva à Civita-Vecchia , à travers mille dangers, et s'embarqua pour Gênes, où il entra le 7 juillet 1244, et se trouva momentanément en sû- reté au milieu de ses partisans. Tels furent les événements qui amenèrent le célèbre con- cile général de Lyon. qu'Innocent IV fut arrivé à Lyon , il reçut de l'empereur le quatrain suivant: Fata notant, stellœque vocant, aviumque volatils Totius et subito , maHeus Oïbîs ero. Borna diù titubans , longis erroribus acta Decidet , et mundi desiuet esse caput. (Historia abbatke senoniensis. — Spicilegium tfachery. T. III, p. 366). Le pape fît une répoase à Frédéric; elle était également en vers; je ne me* rappelle pas le texte littéral, dit le moine Richer, mais voici quel en était le sens -. * « tes cieux et les destins se tairont; le vol des oiseaux ne parlera point en ta faveur ; l'univers pourra gémir quelque temps sous la tyrannie ; mais ta puissance ne sera pas de longue durée ; Rome ou plutôt l'église romaine dont tu prédis la chute , ne périra pas. J'ai pris le gouvernail de la barque de saint Pierre pour la diriger au milieu des flots agités d'une mer orageuse , et je la préserverai du naufrage. » ( ffisforà abbatiœ senoniensis ).