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les infortunes, de toutes les calamités ; au devant de la peste
comme au devant de la misère, cet autre fléau qui nous isole
de tous. A celui-ci elle rend la vie ; pour celui-là elle expose
la sienne.
  Au pauvre nourrisson, déshérité du sein qui devait l'allaiter,
elle tend une intarissable mamelle , elle le réchauffe de sa
tiède haleine ; plus tard elle lui donne un état pour suffire à
ses besoins et élever sa jeune famille, et une religion pour le
consoler et de là vie et de la mort.
  Au vieillard, que le temps, en fauchant autour de lui, a
laissé seul et invalide sur la terre , elle offre une retraite
pleine de sécurité et de repos ; à l'insensé un asyle contre
sa folie ; un air pur pour rafraîchir son front, et de riants
paysages pour varier sa vue. Elle couche dans un lit propre
et chaud l'indigent malade, elle l'entoure des plus doctes
médecins de la cité, fournit tous les médicaments nécessaires
à sa guérison, et, pour le veiller, met à son chevet les servantes
du Seigneur.
  A ces bonnes œuvres , la charité va en ajouter de nouvelles,
car elle a découvert une misère qui lui avait échappé, une
misère plus grande, plus délaissée , plus honteuse que toutes
les autres misères. Il lui faudra franchir le seuil des prisons ,
respirer l'air lourd et infect des cachots , toucher à des
haillons couverts de vermine, soulager le prisonnier dans
son dénûment, assister à sa dernière heure le supplicié. La
charité ne reculera pas. Elle va échauffer de nobles cœurs ,
inspirer de saints dévouements et se créer parmi les hommes
de pieux interprètes.