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de deux époux chrétiens } je n'essaierai point de vous
redire.
   La belle Gloriande parle à Oger le Danois : vous allez
savoir ce quelle dira :
   Pourquoi faut-il que le bonheur soit comme un de
ces pâles rayons que le soleil d'hiver lance à travers un
ciel chargé de nuées ( Ami, repose ta noble tête sur l'é-
paule de ton esclave Sarrasine). Le voyageur transi, fa-
tigué, se réjouit dans son cœur et lance au galop son
bon coursier pour devancer le nuage qui glisse avec len-
teur derrière sa tête. Il est heureux! Mais déjà la plaine
est toute noire des ombres gigantesques et de la pluie
 qui finit, il n'a fait que courir à la pluie qui commence.
   Et Gloriande couvrait de baisers les mains de son
 époux, ces mains victorieuses, effroi des mécréants, ap-
 pui du saint empire.
   — Ne te semble-t-il p a s , disait-elle encore, que le
bonheur est comme un petit oiseau qui dans une nuit
d'hiver traverse à tire d'aile la salle du festin, où, près
d'un bon feu sont assis les braves près du seigneur dont
ils mangent le pain. L'instant de ce trajet est pour lui
plein de douceur ; mais en un clin-d'oeil de l'hiver il
rentre dans l'hiver. Hélas! ses petits membres engourdis
ont senti à peine la flamme ardente du foyer.
   Mais Oger, l'insouciant soldat, ne croyait pas aux pa-
roles de Gloriande, et s'endormait tranquille sur l'Océan
des joies de la terre, comme autrefois l'enfant Moïse dans
son berceau de joncs sur les eaux dévorantes.

                                         MON IN.

     ( La suite aux prochaines livraisons ).