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bientôt enseigner aux autres. Car, comme il avait reçu de la
nature beaucoup de talent pour parler en p u b l i c , et qu'il
s'était rendu habile dans toutes les sciences qui peuvent ser-
vir à un orateur chrétien , ses supérieurs songèrenl bientôt à
l'appliquer au ministère de la parole de Dieu. Cependant ,
avant que de s'y engager, il ne put refuser à sa pairie de
consacrer encore une année à l'éloquence profane -, il regarda
même cet exercice comme une préparation qui ne lui serait
pas inutile par rapport à la prédication. Il professa donc la
rhétorique à Lyon , et il le fit avec tout l'éclat et tout le succès
qu'on pouvait attendre de lui.
    « Cette même année, le mariage de Charles-Emmanuel,
duc de Savoie, avec Madame Françoise d'Orléans, lui donna
lieu d'aller à Chambéry, pour faire, à l'honneur de leurs Al-
tesses royales, quelque chose de semblable à ce qu'il avait
fait à L y o n , peu d'années auparavant à l'honneur du r o i , et il
 n'y fit pas moins remarquer la beauté de son génie, pour don-
 ner à un spectacle tout l'agrément que l'art et l'invention peu-
vent lui donner. Il était, en effet, si heureux à inventer pour
ces sortes de fêtes des dessins également ingénieux el agréa-
bles que , quoiqu'il en ait fait, en divers temps ^ plus de trente
différents , pour des canonisations de saints, pour des pompes
funèbres , pour des entrées de princes dans les villes , ou pour
d'autres sujets semblables , il n'y en a pas un qui n'ait mérité
l'approbation du public. Ils étaient ordinairement enrichis
d'une si grande quantité de devises, d'inscriptions et de m é -
dailles , qu'on ne peut assez admirer sur cela la fécondité de
son imagination.
  « Après avoir prêché quelque temps en province avec beau-
coup de succès et de bénédiction , avant que de venir à Paris
il eut occasion de voyager en Italie , en Allemagne , en Flan-
dre et en Angleterre (1). Les voyages lui servirent à lier ami-
   Ci) 1670. Suivant Pernetli, Lyonnais dignes de mêm., tom. H, pag. 151 ,
quelques contrariétés déterminèrent le P. Mcnestrier à quitter sa patrie. Le