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217 cularités avec une imagination toujours fraîche ; son narré fin et spirituel devenait pittoresque comme les événe- ments qu'il reproduisait ; c'était un espèce de panorama qui faisait passer sous vos yeux avec un intérêt toujours crois- sant les hommes et les choses de l'ancienne société. Dans les longues soii-ées d'hyver ou bien après le moka des jours de fête, il lisait, pour nous faire apprécier à leur juste valeur certaines célébrités littéraires ou politiques qu'un parti a exaltées outre mesure , les lettres autographes que les coryphées de la philosophie avaient adressées à son frère aîné dans le temps où ces Messieurs le caressaient, afin de l'attacher à leurs idées. Cette lecture , outre l'a- vantage qu'elle nous procurait de nous montrer les hom- mes tels qu'ils Sont, c'est-à -dire, sans le masque de la représentation et le prestige d'une renommée souvent usui'pée, était pour nous un document de plus de la mau- vaise foi et de la fourberie qu'on avait employées pour séduire des hommes honorables et organiser mystérieu- sement l'œuvre de la destruction. Peu de temps après son élection de domicile à Lyon , M. de Servan fut obligé de faire le voyage du midi. Son frère aîné fixé à Saint-ïtemi, près Arles, était tombé dan- gereusement malade : l'abbé voulut aller l'assister dans ses derniers moments et recueillir son dernier soupir. En mourant, l'avocat-général lui confia ses manuscrits , et lui recommanda, si jamais on avait la pensée de les mettre au jour, d'effacer tout ce qu'une saine critique trouverait de blâmable , parce qu'avant tout il avait à cœur d'être toujours connu comme un homme de bien. M. de Servan a parfaitement rempli les intentions de son frère , lorsqu'il a donné , avec le concours de M. Des- Portets, une édition, en cinq vol. in-8°, des principaux dis-