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445 été alors de la faiblesse ; mon maître lesfitjeter dans les fers. — Ton maître , répliqua le pontife irrité , devait présumer que s'il n'était pas coupable, il serait absous dans une réu- nion d'hommes aussi éclairés et aussi justes que ces prélats ; mais il est évident que le crime qu'il commit dans cette cir- constance fut exécuté dans l'espoir de prévenir le châtiment que sa conscience lui faisait pressentir, ou du moins de se venger d'avance sur ceux qui devaient le lui infliger. — Com- ment , reprit Thadée, l'empereur pouvait-il espérer justice d'une assemblée présidée par son ennemi mortel, et com- posée de prélats tellement acharnés contre lui, qu'ils osaient encore le menacer lorsqu'ils étaient captifs?'—Et si un seul était coupable, s'écria le pape,fallait-il pour cela envelopper dans sa vengeance tant de prélats innocents et faire peser sur eux un châtiment qu'ils n'avaient pas mérité? Mais les crimes de ton maître seront punis ! un châtiment éclatant est sus- pendu sur sa tête, et bientôt il sera ignominieusement dé- posé ! » L'ambassadeur impérial, pour prévenir les menaces du pontife, demanda de nouveau un délai, afin que l'empereur pût venir se justifier lui-même ; un grand nombre de prélats paraissait disposé à y consentir ; l'inflexible pontife persistait dans son projet, lorsque les ambassadeurs d'Angleterre, pre- nant avec chaleur le parti de Frédéric , obtinrent qu'on ne le jugerait pas sans l'entendre. Un délai fut donc accordé, et la troisième session remise au 17 juillet suivant. Pendant ce temps, l'empereur était à Turin, où on l'informait chaque jour de ce qui se passait au concile; mais il ne voulut pas consentir à venir se justifier lui-même, et répondit qu'il n'avilirait pas la majesté impé- riale jusqu'à la soumettre à un synode d'évêques présidé par mutantes, dominum meum in facie etiam vinculati non desistebant excom- municare, immemores illius salubris consilii : humiliamini sub potenti manu. MATHIEU PARIS , Hisl. Angl.