page suivante »
446 son e n n e m i ; celle réponse entrait parfaitement dans les vues d'Innocent IV, qui se trouvait ainsi débarrassé de la présence d'un adversaire non moins dangereux par son éloquence que par son épée. La troisième session eut lieu au jour fixé. L'ambassadeur de Frédéric, qui prévoyait le dénoûment de ce d r a m e , se montrait d'autant plus affligé , que la fille du duc d'Autriche, déjà fiancée et sur le point d'être mariée avec son m a î t r e , repoussait avec horreur les embrassements de Frédéric, tant elle était effrayée de la sentence d'excommunication dont il était menacé et de la déposition qui devait la suivre (1). Ce- pendant l'ambassadeur impérial retrouva assez d'énergie pour déclarer que si l'on persistait à vouloir condamner l'empe- r e u r , il en appellerait à un 'concile général et au futur sou- verain ponlife , menaçant ainsi le pape de lui faire subir le châtiment qu'il voulait infliger à Frédéric. Innocent IV se contenta de répondre que le concile de Lyon était un concile général, puisque tous les prélats de la chrétienté s'y trouvaient réunis , à l'exception de ceux que l'empereur avait empêchés d'y v e n i r ; p u i s , rompant la discussion j il fit élever un incident qui mérite d'être rap- porté ; voulant rappeler à son auditoire quelles étaient les pré- rogatives et la puissance du Saint-Siège, il fit faire lecture des privilèges et concessions accordés à l'Eglise romaine par les souverains de la chrétienté. Après la lecture de chaque pièce , il y faisait mettre le sceau de tous les évêques pré- sents , afin que ces copies eussent la même authenticité que les acles originaux. On arriva à la donation de Jean-Sans-Terre , de ce monar- (1) Thadeus nimis dolens et timens de domini sui periculo, maxime pro eo quod filia ducis austrite , vel ipsi imperalori coputata , vel in proximo oo- putanda matrimonio, amplexus ejusabhorrens evitabat, eo quod excommu- nicaiioni subjacenti depositionis periculum imminebat. MATHIEU PARIS, Hist. Angl.