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418 cepta ces conditions ; mais, une fois en possession de la cou- ronne impériale , il n'exécula point ses engagements et atta- qua les terres de l'Eglise. Cette conduite irrita tellement le pontife, qu'il se déclara alors pour Frédéric II, qu'il avait contribué à dépouiller, et le reconnut empereur. La bataille de Bouvines , gagnée par Philippe-Auguste , roi de France , sur Othon,vint anéantir la puissance de ce dernier; Inno- cent III se trouvait à l'apogée de sa gloire par suite de cet événement, qui n'avait cependant point été entrepris dans ses intérêts. Après avoir jeté l'Europe sur l'Orient, poussé la France à l'horrible guerre des Albigeois (1), forcé le roi soutenait contre l'empereur d'Allemagne; quelques historiens ont prétendu que l'amour de la comtesse Matliilde pour Grégoire VII n'était point étranger à cette donation ; il est plus naturel de croire que Mathilde n'avait d'autre but que de fortifier les villes d'Italie qui étaient en son pouvoir contre les en- treprises de l'empereur ; car elle fît de nouveau une donation au Saint-Siège long-temps après la mort de Grégoire VII. Cette donation, qui eut lieu le 17 novembre H 0 2 , était aussi illégale que la précédente, puisque les états de la comtesse Mathilde étaient un fief de l'Empire d'Allemagne dont elle ne pouvait disposer qu'avec le consentement et sous la réserve des droits de l'empereur, qui en était seigneur suzerain. (1) On confondait sous le nom d'Albigeois plusieurs sectes de dissidents; parmi eux étaient en grand nombre les Vaudois, qui prenaient leur nom de Pierre de Vaud (village près de Lyon ), riche marchand, établi à Lyon, rue de Vandran» ( Cette rue fut appelée plus tard rue Maudite , à cause du sec- taire Pierre de Vaux. ) On n'a pas bien défini les dogmes des Vaudois. Plu- sieurs historiens modernes disent -qu'ils mettaient en commun les biens et les femmes, et portaient la chevelure longue, ce qui leur donnerait quelque analogie avec les saint-simoniens. Voici ce qu'en dit le fanatique moine Pierre de Vaulx-Cernay, qui accompagna, dans la guerre des Albigeois, son oncle, l'évêque de Carcassonne, aussi fanatique que lui : « Il y avait aussi les Vaudois; ceux-ci étaient mauvais; mais, comparés aux autres hérétiques, ils étaient beaucoup moins pervers, car ils s'accor- daient en beaucoup de choses avec nous, ne différant que sur quelques- unes. Pour ne rien dire d'une grande partie de leurs erreurs, elles consis- taient principalement en quatre points ; à savoir : porter des sandales à la