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361 pices, le Gier forme deux cascades principales. A l'inférieure., l'eau tombe d'une hauteur de vingt-cinq à trente mètres. Avant de quitter le rocher devant lequel elle doit se précipi- ter presque verticalement, elle parcourt un plan incliné où elle acquiert une impulsion qui tend à la pousser selon une direction très-oblique. Animée par deux forces, par la pesan- teur et par la force d'impulsion acquise en parcourant le plan incliné, elle décrit une parabole d'un mouvement lent qui permet d'observer les dispositions que prend le liquide. Il se partage en masses mouvantes d'une grande blancheur, qui, quoique tournoyant, comme d'immenses touffes de duvet agitées par le vent, conservent leur position relative, tout en se divisant et se subdivisant successivement. A peine l'eau a-t-elle parcouru quelques mètres, que, sollicitée par la pesanteur; seule, elle prend une direction verticale, acquiert un mouvement accéléré , e t , avec une très-grande vitesse, elle se précipite sur un rocher qui l'éparpillé en gouttelettes, dont les plus grosses arrosent le sol à plusieurs mètres de distance, et dont les plus fines se disséminent sous forme de brouillard ou se dispersent en une vapeur invisible qui ra- fraîchit l'air des environs. A l'exception de quelque- parties recouvertes par des blocs de pierre, le mont Pilât est tout en forêts, en bruyères, en pâturages ou en prés. On ne trouve des terres cultivées qu'à une grande distance du sommet de la montagne. Heu- reusement les habitants de ces campagnes sont habitués aux privations. Huit mois de neige dans l'année, une vie isolée dans des maisons bien moins propres que la plupart de nos écuries, du mauvais pain de seigle, quelques pommes de terre, du lait de chèvre et de vache en été, voilà l'existence ordinaire de ces bienheureux campagnards ; bienheureux, car « c'est le jouir, non le posséder, qui nous rend heureux. » (Montaigne) ; et comme ils n'ont pas eu les sens blasés par l'abondance et la variété, ils consomment avec jouissance les productions chétives et peu savoureuses de leur sol. Ils