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en risquant de s'exposer aux coups de la plus redoutable
colère qui fût jamais. Au moment même où il livrait l'en-
fant Oger à ses bourreaux, ce que le bon archevêque
n'osait plus espérer, un nouveau prétexte, se présenta:
et Oger, cette fois, allait être sauvé pour devenir bientôt
la lumière du monde et l'appui le plus sûr du peuple
chrétien.
   Du haut de la tour Magne, on apercevait dans la plaine
maint bourg et maint village : plus vite qu'en un instant
tous sont en feu.
   — Ce sont les payens^ dit l'archevêque, on les recon-
naît, comme leur père Satan, à cette odeur de brûlé.
   Un cri d'alarme se fait entendre dans la plaine, bientôt
suivi d'un bruit étrange et solennel. C'était le hennisse-
ment des chevaux, les ordres des chefs, le cliquetis des
armes, le résontiement des armures; c'était le tumulte
d'un million d'hommes qui s'arment et s'encouragent au
combat.
   Turpin ordonne aussitôt aux bourreaux de suspendre le
supplice jusqu'après la fin de la bataille; car Charlemagne
avait ordonné que toute l'armée vît mourir l'enfant Oger;
et l'armée était trop occupée pour que cela fût possible.
   Cependant l'approche des Sarrazins était si imprévue?
et leur attaque si prochaine, que le puissant empereur de
France n'eut que le temps d'ordonner à chacun d'atten-
dre l'ennemi dans le poste où il se trouvait, et de porter
secours partout où besoin serait.
   Charlemagne ne pouvant prendre conseil de tous ses
barons, dit au petit nombre de ceux qui l'entouraient en
cet instant : — Barons, que me conseillez-vous? Parlez,
Huon de Bordeaux, vous qui les avez tous vus et comptés,
 est-il possible de combattre avec quelque espérance ?