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le voulons, nous le voulons, répondirent-ils d'une com-
mune voix.
   Le messager s'en va : l'enfant danois reste en otage.
L'empereur s'empresse de le faire placer parmi les jeunes
enfants, fils de princes et de rois, qui suivent sa noble
cour. Aussitôt ils le conduisirent à leurs mères et à leurs
sœurs, en leur disant : Voyez comme il est beau, notre
nouveau compagnon, celui qui vient manger avec nous
le pain de l'empereur. C'était vers la fin du repas, et
chacune d'elles partageait un fruit avec le tranchant de
l'acier. A la vue de l'enfant Oger, qui fut le plus beau
entre les enfants des hommes, elles furent tellement sur-
prises et troublées, qu'au lieu de couper leur fruit, elles
se coupèrent toutes le doigt; ensuite les mères disaient :
Heureuse la mère d'un tel fils! Mais les jeunes filles ne
disaient pas : Heureuse la sœur d'un tel frère!
   Le lendemain, l'armée chrétienne se mit en marche,
et du haut de leurs vertes collines , les habitants de ces
lieux la virent se dérouler, étincelante sous le soleil, en
longs anneaux sans fin, comme une hydre d'or et d'azur.
Nos chevaliers franchissent gaîment la neige et les ro-
chers des Alpes ; le mont Jou fléchit sous leur poids, et
la terre de Lombardie accueille avec transport ceux qui
viennent la sauver des payens. L'empereur trouve à Pavie
le roi Désier, son vassal, et toute l'armée des Lombards;
car ils n'ont pas cru possible de retarder à eux seuls la
marche des Sarrasins. Plus loin , il trouve à Viterbe le
 Saint-Père, qui s'y était réfugié avec tout son clergé et
 les reliques des Saints. Les Sarrasins menacent Rome sans
 défense , et devant eux s'enfuit le peuple tout entier. Il
 est né dans un jour de malheur celui-là qui s'avise d'at-
 tendre leur arrivée.