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   Bientôt les Sarrazins, à forée d'éperon, furent aux
portes de Rome. Mais Charlemagne les devança à force
d'éperon, et s'y établit le premier. Tant sont nombreux
les Français, que plus de la moitié ne put tenir dans Rome
la grande.
   Voici venir un messager : ses vêtements sont couverts
de poussière ; car il vient de loin le messager. Gaufroy,
le fier Danois, est celui qui l'envoie à l'empereur. Il
parle à Charlemagne : vous allez savoir ce qu'il dira :
   — Gaufroy, roi des Danois, a dit j, et ses paroles sont
stables : Je défie l'empereur des Français, et je le regarde
comme rien. L'hommage que tu attends de Gaufroy, lu
ne l'auras jamais , puissant empereur; il veut vivre et
mourir libre de toute sujétion, comme, avant ta venue,
ont fait tous les autres rois ses ancêtres; et voici mon
gage-
   Puis il jette aux pieds du trône impérial le gantelet
de fer de Gaufroy. De la rage qu'il eut, Charlemagne
grinça des dents. Il parle à ses écuyers : vous allez savoir
ce qu'il dira :
   — Allez saisir l'enfant Oger, mon otage, le premier-
né du traître Gaufroy, et qu'on le pende sur-le-champ
au gibet le plus élevé de l'armée et sur la tour la plus
haute de la ville. Quant à Gaufroy lui-même, bientôt je
Fécraserai sous mes pieds, et comme d'une grappe foulée
par le vigneron, j'en ferai du marc et du vin. Je le jure
par cette barbe que n'ont jamais touchée ni le fer d'un bar-
bier, ni la main injurieuse d'un vainqueur.
   Et de ses doigts il effleura complaisamment sa longue
barbe blanche.
   Tous les Fiançais se dirent l'un à l'autre : Certes, ce
sera une grande douleur pour nos femmes et pour nos