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reur va s'asseoir sur son trône, et la foule des barons
remplit la salle immense.
    Voici venir un messager : ses vêtements sont couverts
de poussière; car il vient de loin, le messager. Un jeune
page est à ses côtés ; la figure du page est celle d'un en-
fant, mais sa taille est celle d'un homme. Premier-né d'une
race de géants, il n'a pas dégénéré de ses ancêtres ; et
lorsqu'il est entré dans la première salle du palais, où se
trouvaient les enfants des barons, il dépassait le plus grand
d'entre eux de la tête toute entière.
    Le messager parle à l'empereur : vous allez savoir ce qu'il
dira : — Sire empereur, le fier duc Gaufroy de Danemark
m'envoie vers vous. Il reconnaît qu'en reniant la foi chré-
tienne et vous retirant son hommage, il céda à de mau-
vais et faux conseils. Il viendra, quand vous l'ordonne-
rez , renouveler entre vos mains le serment que par force
son père vous a j u r é , et que lui-même par force il a juré
 à son tour; et pour gage de sa foi, voici l'enfant Oger,
 son premier-né.
    — Messager, répondit l'empereur, ton duc et ses ba-
 rons agissent en hommes sages. J'aime leur prudence et
 ta courtoisie. Que les Danois me servent fidèlement contre
 les Sarrazins, et je veux tout oublier. Gauffroy devra
 venir à Rome avec tous ses Danois à la Pentecôte pro-
 chaîne : nous y tiendrons cour plénière, après avoir rejeté
 dans la mer les Sarrazins qu'elle a vomi sur nos rivages.
 De là nous partirons ensemble pour les lointains pays de
 l'Orient. Mais si Gaufroy s'avise de nous tromper encore,
 nous irons, après avoir pendu son premier-né, notre
 otage, au plus grand gibet de l'empire, lui rendre une
 dernière visite dans ses îles, dans ses sables, dans ses
 marais. Ne le voulez-vous pas ainsi, mes barons? —Nous