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292 reur va s'asseoir sur son trône, et la foule des barons remplit la salle immense. Voici venir un messager : ses vêtements sont couverts de poussière; car il vient de loin, le messager. Un jeune page est à ses côtés ; la figure du page est celle d'un en- fant, mais sa taille est celle d'un homme. Premier-né d'une race de géants, il n'a pas dégénéré de ses ancêtres ; et lorsqu'il est entré dans la première salle du palais, où se trouvaient les enfants des barons, il dépassait le plus grand d'entre eux de la tête toute entière. Le messager parle à l'empereur : vous allez savoir ce qu'il dira : — Sire empereur, le fier duc Gaufroy de Danemark m'envoie vers vous. Il reconnaît qu'en reniant la foi chré- tienne et vous retirant son hommage, il céda à de mau- vais et faux conseils. Il viendra, quand vous l'ordonne- rez , renouveler entre vos mains le serment que par force son père vous a j u r é , et que lui-même par force il a juré à son tour; et pour gage de sa foi, voici l'enfant Oger, son premier-né. — Messager, répondit l'empereur, ton duc et ses ba- rons agissent en hommes sages. J'aime leur prudence et ta courtoisie. Que les Danois me servent fidèlement contre les Sarrazins, et je veux tout oublier. Gauffroy devra venir à Rome avec tous ses Danois à la Pentecôte pro- chaîne : nous y tiendrons cour plénière, après avoir rejeté dans la mer les Sarrazins qu'elle a vomi sur nos rivages. De là nous partirons ensemble pour les lointains pays de l'Orient. Mais si Gaufroy s'avise de nous tromper encore, nous irons, après avoir pendu son premier-né, notre otage, au plus grand gibet de l'empire, lui rendre une dernière visite dans ses îles, dans ses sables, dans ses marais. Ne le voulez-vous pas ainsi, mes barons? —Nous