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 née 1784, ces marchands n'avaient pu se défaire de cette
parure magnifique ; elle avait été refusée par les diverses
cours de l'Europe auxquelles on l'avait proposée, et la reine
de France avait elle-même déclarée à Boehirier qu'elle n'en
voulait pas. — Ge collier refusé par des reines et des prin-
cesses , était convoité par une femme sans fortune et sans
considération, non pour s'en parer, mais pour s'en appro-
prier la riche valeur. — Celte femme était la comtesse de La-
m o l l e , issue par bâtardise de la seconde branche royale des
Valois. Née dans la plus profonde m i s è r e , elle avait formé
le projet de se remettre eu possession des honneurs et du
rang auxquels l'inconduite de ses ancêtres l'avait fait renon-
cer. Jolie, vive, spirituelle, remplie de manège et d'intrigue,
douée de talents agréables , possédant un sangfroid peu
commun , une astuce encore supérieure , cette femme était
bien capable de conduire une traîne importante et habile-
ment ourdie. —Elle était d'autant plus dangereuse, qu'elle
pouvait, sous les dehors de la coquetterie, de la légèreté et
d'une indifférence trompeuse, cacher les plans qu'elle aurait
conçus. Mais ce n'étaient là que des accessoires, il fallait en-
core autre chose, du brillant et du solide à la fois, un nom,
par exemple, un nom réputé et bien connu. La comlessede
Lamotte sut donc s'emparer adroitement de l'esprit du prince
Louis de Rohan , cardinal, évêque de Strasbourg et grand
aumônier de France. Ce seigneur excitait l'envie de tous les
araibilieux de la cour ; il aurait dû vivre heureux, et pourtant
il ne l'était pas. Sa splendeur, sa noblesse , sa fortune, son
crédit appuyé sur des ressources immenses , ne pouvaient le
contenter; en un m o t , la faveur de la reine lui m a n q u a i t ,
et non-seulement il ne possédait pas cetle faveur tant désirée,
mais, pour comble de désespoir, il se savait haï de Marie-An-
toinette. — La cause en datait de loin. — L'archiduchesse
d'Autriche, la fille de l'impératrice Marie-Thérèse, arrivait
en France pour épouser le d a u p h i n , en 1770. Louis XY réé-
gnait a l o r s , et avec lui la Dubarry. Cette fille publique ap~