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 porta dans le palais de Versailles des habitudes de vice q u e
 l'étiquette seule en avait écartées jusque là. Le prince Louis
 de Rofaan , rangé parmi les flatteurs de la favorite royale , en
 obtint l'ambassade de Tienne et devint son protégé. Il en
résulta une correspondance toute d'anecdotes, de caquetage,
 de contes malins et scandaleux. C'était matière pour amuser
sa majesté ennuyée... Oh ! comme Louis XV et sa maîtresse
riaient des graveleuses actions ou des balourdises de la cour
tudesque, comme le moment employé à décacheter et à lire
les missives non politiques du très-utile ambassadeur était
plein d'attraits ! Louis de Rohan complimenté , remercié,
félicité, perdit la tête tout-à- fait ; dans son délire et son étour^
d e r i e , i l n e ménagea pas même l'auguste-personne de l'im-
pératrice , et révéla plusieurs faits de sa vie intérieure. La
dauphine fut instruite de cette véritable ou calomnieuse cor-
respondance. Marie-Antoinette n'était pas indulgente, et l'ou-
bli des injures ne faisait point partie de ses vertus ; son in-
dignation fut portée au c o m b l e , et dès que la couronne ad-
vint à Louis XVI, son é p o u x , le prince Louis fut rappelé de
son ambassade et remplacé par le baron de Breteuil, son
ennemi personnel. De retour à Versailles, les intrigues, les
sollicitations, les bassesses du prince Louis ne purent appai-
ser la r e i n e ; elle demeura inexorable, froide, silencieuse,
méprisante et toute remplie de dédain pour le maladroit
ambassadeur. Ce dernier parvint néanmoins , malgré elle , à
la grande aumônerie. Cette victoire accrut encore le dépit de
Marie-Antoinette , qui prit plaisir à le manifester ; dès lors
jamais un m o t , un regard, un geste , ne consola le cardinal
de sa disgrâce.—La comtesse de Lamotte sut donc exploiter
ce chagrin et cet ennui mortels pour un courtisan; elle sut
tirer parti de cette ardeur de tout disgracié à se rattacher au
moindre mot de bonheur, à la plus petite lueur d'espérance.
Elle persuada au prince qu'elle était pour Marie-Antoinette
une a m i e , une confidente, que les torts de l'ambassadeur
étaient à la veille d'être pardonnes au p r é l a t , et que tout