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le Chantre et à certains autres de messieurs, aussi en don-
nastnes vng doré à monsr l'ofïicial Buatier, à monsr le con-
seiller Charreton, à mons1 l'Esleu Groslier (1) et vng que
nous enuoyasmes à monsr de Bellieure en Suysse, où il estoit
ambassadeur pour le Roy (2).

              Mercredy 24 juin la sainct Jehan-Baptiste.
  Le froment se vendoit ce jour quatre sols (3) la mesure.
  Il morut à Beaujeu cinq ou six personnes et fault noter
que de» le commencement de ce moys , les gens mouroient
à Beaujeu et es villages à lentour dru comme mouches, et en
enterroit Ion à Beaujeu autant que l'on eust fait en vne grande
peste, les poures mouroient de faim, et les riches et médio-
cres qui ne mouroient point de faim, mouroient d'vne fleure
chaude, les autres d'vng flux de sang par le nez, et fault bien
que telle maladie fust contagieuse, car en vne maison il y
en auoit tousiours trois ou quatre malades et y auoit bien
peu de maisons ou il n'y mourust quelquun, ou qu'il n'y eust
des malades. Cestoit grand pitié , car la famine, la mortalité,
la cherté de toutes denrées ne fui jamais telle de memoyre
d'homme, ni jamais trouuée parles histoires. Joinct que nous
estions affligez de guerre (4) et alloient gensdarmes par les
champs, faisant infiniz escez , oultre qu'ils acheuoient de

   (1) Ce doit être Antoine Groslier. Voir son article dans la Biographie uni-
verselle.
   (2) Il fut fait chancelier de France par Henri IV, en 1599.
   (5) L'auteur avait d'abord écrit francs , qu'il a rayé , et il y a substitué
sois. Comment concilier cela avec ce qu'il dit, six jours après, le 30 juin,
que le froment se vendait 3 fr. 15 sols? Cette dernière version nous paraît
la véritable ; peut-être s'agit-il ici des écus-sols dont il parle souvent ? Une
chose à noter, c'est que le marché de Beaujeu se tient encore aujourd'hui le
mercredi,
    (•4) C'était cette guerre qui produisait la famine, et ce dernier fléau amenait
les maladies contagieuses. Voyez l'Hist. de Lyon, par C. de Rubys, p. 422—3,
 et les Mélanges de M. Breghot du Lut, pag. 297 et suiv.