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accepteront-ils une civilisation tout-à-fait différente de
celle où ils arriveront d'eux mêmes un jour? nous ne le
pensons pas ; car il existe entre eux et nous un abyme que
rien ne peut combler : la croyance !
    C'était toujours de Sidy Ferruch que pendant les pre-
miers temps de la conquête , Alger tirait sa subsistance ;
le débarquement du matériel de l'armée s'était opéré sur
la plage derrière la ligne de retranchement qui fermait l'en-
trée de la presqu'île; deux bâtiments échoués, la flanquaient
à ses deux extrémités. Ce fut là où l'administration établit
des magasins, où l'artillerie dressa des forges, où l'armée
trouva des cantines, des restaurants; une presse, deux té-
légraphes, un aérostat, des tentes pour 5oooo hommes,
 des fours, desbarraques se démontant^ des lits de fer, des
 matelats à vent pour les malades, des caléfacteurs, des phar-
 macies complètes, des appareils chimiques, des tonneaux
 de chlore, de miel, de sirop, etc. etc. etc. s'accumulaient
 sous de vastes hangards. Jamais pareil luxe n'avait été dé-
 ployé dans le matériel d'une armée. Après la prise de la
 ville, la garde de la presqu'île fut confiée sous le comman-
 dement du colonel Léridant, à i5oo marins, qui, propres
 à tout, s'employant à tout, établirent un parc à bestiaux,
 une boucherie et creusèrent des puits qui fournirent de
 l'eau en abondance.
    Ce fut d'abord dans une petite mosquée, au milieu des
 reliques de plusieurs Marabouts que M. de Bourmont ins-
 talla son quartier général, jusqu'après le combat de
 Staouëli qui le mit en possession du camp du Bey de Tit-
 tery. Staouëli, situé à peu de dislance d'Alger, sur un
 plateau fort élevé au-dessus de la mer., communique main-
 tenant avec Sidy-Ferrucb , par une large et belle route
 tracée par l'armée ; ce fut là que le janissaire Aga Ibrahim,