page suivante »
75 ses amis. Celui-ci casse le bras de son adversaire. Le docteur Briard est appelé : la fracture est réduite. Mais dès le lende- main , des accidents formidables s'étaient déclarés : Fin tem- pérance de Farjot avait porté ses fruits ; il perd le bras , mal- gré tous les soins que lui prodigue le docteur Briard. Dix-huit mois après l'événement, Farjot, qui avait transporté sa con- fiance d'un médecin honorable, au bourreau du pays dont il recevait clandestinement les visites , cite le docteur Briard devant le tribunal civil de Montbrisori , aux fins de s'ouïr condamner à payer au susdit la somme de vingt-mille francs à titre de dommages et intérêts , etc. Quelle sera la solution de ce singulier procès? Certes , M. Briard peut trembler en dépit de son bon droit ; s'il trouve des défenseurs parmi ses confrères , il sait qu'ils ne manquè- rent pas non plus au praticien distingué qui succomba avant lui dans une lulte semblable. Les juges de Montbrison sont tout aussi compétents que ceux de la ville d'Evreux en p a - reille matière. Aussi ne nous étonnerions-nous , en aucune façon, de voir une condamnation frapper le docteur Briard en faveur de l'huissier Farjot ; mais ce qu'il nous importe de constater , ce sont les conséquences inévitables de tels arrêts. On sait qu'une saignée pratiquée p a r l a main la plus exercée et la plus habile peut être suivie d'accidents terribles , de la perte d'un membre ou même de celle de la vie. On sait aussi qu'il est des cas où la mort peut être prévenue par la saigaée. Qu'un homme tombe frappé d'apoplexie , par e x e m p l e , qui voudra le saigner désormais ? Si quelque médecin s'y décide , qui lui répondra qu'au danger actuel qu'il éloigne par l'opé- ration ne succéderont pas des désordres qui lui seront imputés à crime ? Qui le garantira contre une demande d'indemnités ou de rentes viagères , si le malade vient à perdre l'usage de l'un de ses membres ? Que les juges de tous les pays y songent! Ce n'est point la cause des médecins que nous plaidons i c i , mais celle de l'hu- manité. Alors que les lois s'armeront pour frapper le médecin