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même de sa mère est respectueux; ses baisers ont quel-
que chose de solennel. Entre les hommes et l u i , l'admi-
ration s'élève comme une barrière infranchissable. Il de-
mande de l'amour et reçoit des louanges. C'est l'idole du
temple isolée par des Balustres d'or. L'encens fume autour
de l u i ; mais, au milieu de cette acre fumée, son cœur se
sèche, ses yeux se remplissent de larmes. Sans cesse re-
jeté sur lui-même, que fera-t-il de ce trop qu'il a dans la
tête et le cœur ? il le donnera aux études les plus ardues.
   Dés lors, bannissant de son ame tout autre amour que
celui de la science, toute autre ambition que celle d'ap-
prendre, il mesure, sans en être épouvanté, le vaste
champ des connaissances humaines qu'il brûle de parcou-
rir tout entier. Cette admiration, son seul lot dans ce
monde, et qu'on accorde plus à la précocité qu'à l'éten-
due de son esprit, il veut la conserver à de plus justes
titres. La théologie, fondement de toute science au XV e
siècle, lui dévoile ses obscurités. De la philosophie an-
cienne , il passe à celle de Raymond Lulle dont il étudie
long-temps la méthode de conviction. Pendant sept ans, il
parcourt les principales universités d'Italie et de France,
où son intelligence rapide et pénétrante, son érudition,
son éloquence facile et intarissable ^ sa mémoire excitent
un long étonnement. Outre les langues vivantes, il ap-
prend l'arabe, le chaldéen, l'hébreux qui est pour lui
une introduction à l'étude de la cabale. Pic de la Miran-
dole eut cela de commun avec plusieurs esprits distingués
de ce temps, qu'il s'égara dans les obscurités d'une science
chimérique ; il s'adonnait aux rêveries cabalistiques, comme
tant d'autres à l'alchimie ou à l'astrologie judiciaire : c'est
que toute la science, au XV e siècle, était de la mémoire ou
de l'imagination, et l'on ne sortait de l'érudition que pour