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56 même de sa mère est respectueux; ses baisers ont quel- que chose de solennel. Entre les hommes et l u i , l'admi- ration s'élève comme une barrière infranchissable. Il de- mande de l'amour et reçoit des louanges. C'est l'idole du temple isolée par des Balustres d'or. L'encens fume autour de l u i ; mais, au milieu de cette acre fumée, son cœur se sèche, ses yeux se remplissent de larmes. Sans cesse re- jeté sur lui-même, que fera-t-il de ce trop qu'il a dans la tête et le cœur ? il le donnera aux études les plus ardues. Dés lors, bannissant de son ame tout autre amour que celui de la science, toute autre ambition que celle d'ap- prendre, il mesure, sans en être épouvanté, le vaste champ des connaissances humaines qu'il brûle de parcou- rir tout entier. Cette admiration, son seul lot dans ce monde, et qu'on accorde plus à la précocité qu'à l'éten- due de son esprit, il veut la conserver à de plus justes titres. La théologie, fondement de toute science au XV e siècle, lui dévoile ses obscurités. De la philosophie an- cienne , il passe à celle de Raymond Lulle dont il étudie long-temps la méthode de conviction. Pendant sept ans, il parcourt les principales universités d'Italie et de France, où son intelligence rapide et pénétrante, son érudition, son éloquence facile et intarissable ^ sa mémoire excitent un long étonnement. Outre les langues vivantes, il ap- prend l'arabe, le chaldéen, l'hébreux qui est pour lui une introduction à l'étude de la cabale. Pic de la Miran- dole eut cela de commun avec plusieurs esprits distingués de ce temps, qu'il s'égara dans les obscurités d'une science chimérique ; il s'adonnait aux rêveries cabalistiques, comme tant d'autres à l'alchimie ou à l'astrologie judiciaire : c'est que toute la science, au XV e siècle, était de la mémoire ou de l'imagination, et l'on ne sortait de l'érudition que pour