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466 Dans mes recherches pour constater l'époque précise et la durée de son exer- cice médical dans l'établissement ,je u'airien découvert qui ait pu faire penser qu'Eynard ait été médecin à l'Hôtel-Dieu ; il n'aurait pu être investi de cette dignité que de 1775 à 17S5; or, les médecins de ce temps nous sont connus. Dans les Archives de l'Hôtel-Dieu qu'a bien voulu nie communiquer M. Dagier, aucune pièce, aucun registre ne fait mention du docteur Eynard ; et j'aurais sûrement rencontré un procès-verbal de son installation solennelle, comme j'ai vu celui des Garnier , Magneyal , Gilibert, Colomb, etc. Je suis donc autorisé à conclure que jamais Eynard n'a été médecin titulaire de l'Hôtel-Dieu. La vie inquiète du médecin , la responsabilité qu'elle entraîne, les char- ges, les soucis qui l'assiègent, dégoûtèrent le docteur Eynard delà pratique médicale ; en 1787, il y renonça entièrement, pour suivre son penchant naturel qui le portail de préférence vers les sciences physiques et mathéma- tiques appliquées à l'industrie. Content de la fortune qu'il tenait de son père, sans autre ambition que celle d'augmenter la masse des connaissances que déjà il avait acquises , il ne fut plus médecin que pour les pauvres ouvriers qui entouraient sa demeure (il habitait alors rue Saint-Marcel), et pour ses amis qui avaient foi en ses lumières. Il consacra , dès ce moment, la majeure partie de son temps à la mécanique; cet art devint che2 lui une véritable passion; il voulut la rendre profitable à l'industrie manufacturière. Toutes ses recherches tendaient vers le double but de favoriser la production et d'améliorer l'état, la santé de la classe ouvrière. Les études sérieuses qu'il avait faites en médecine et en économie industrielle, rendaient cette double appréciation plus facile pour lui. Depuis long-temps il avait saisi et voulait faire triompher cette vérité : que la simplicité de la main-d'œuvre en multi- pliant les produits, augmente la consommation, et sert les intérêts de l'artisan. Tout entier à la tâche qu'il s'était imposée, vivant, dans ces instants d'o- rages, en dehors des passions qui agitaient le monde politique, il remplissait, avec exactitude et aux yeux de tous, les devoirs et les charges de citoyen ; il aurait traversé sans encombre la tourmente révolutionnaire, si la générosité, le courage qu'il montra dans ces temps, n'avaient pas été plus tard pour lui une source de scandale et de chagrins domestiques. A la fin de 1792 , les prêtres et les nobles étaient poursuivis; deux dames d'une ancienne famille du Limousin, vinrent dans notre cité chercher un asile contre la persécution : c'étaient Mme Ferrières de Sauvebœuf la mère et Mlle Louise de Ferrières de Sauvebœuf, sa fille. Au commencement de l'année 1793, Eynard leur loua dans sa maison un appartement garni, où ces dames vécurent tranquilles et ignorées. Mais au mois d'août 1793 , aux