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422 un relevé exact de ses penchants, de ses goûts t de ses mœurs et dé ses passions. Jamais observation ne fut aussi vraie que pour l'appartement de Serizà rt. Quand il n'y était pas, son à rtte, pour ainsi dire, y errait encore; on la sentait partout, quoique invisible : ici, un morceau de musique de Meyerbéer ne paraissait déployé que pour elle; sans doute elle le relisait là , en le fredonnant au loin; à côté, le don Carlos de Schiller montrait sa belle scène entre Philippe et le marquis de Posa; tout enfin respirait encore un reste de vie ; ses livres chéris sem- blaient l'attendre, graves et sévères, au fond de leurs rayons, semblables au Missel dans le coin du Sanctuaire pendant l'absence du prêtre ; c'est que là aussi tout invi- tait au recueillement; au-dessus du foyer flamboyant > un Christ d'ivoire montrait son corps amaigri par la souf- france, ses bras- roidis par l'agonie^ et son front q u i , déchiré d'épines, se tournait encore vers le ciel, implo- rant le pardon pour ses bourreaux. Aussi, quand on avait remué quelque temps les tisons du brasier, qu'on avait agité ce feu, image des passions de la: vie, et qu'ou- bliant dans un doux farniente l'univers et ses misères, nonchalamment allongé dans un large fauteuil, on reti- rait en arrière sa tête oisive et vide, comme l'homme qu'on est convenu d'appeler heureux ; c'est alors que ce cadavre pâle, cette tête blanche et livide, venaient se dresser devant vous, meurtris et décharnés, et vous ra- mener au r é e l , au positif de l'existence, au néant des choses humaines, à la mort. Alors, si vous n'étiez pas assez ému pour élever votre ame vers Dieu, vous vous leviez triste, vous fesiez quelques pas dans cette chambre, puis tout-à -coup plongé dans de profondes réflexions, poul- ies fuir, vous ouvriez la fenêtre; mais en l'ouvrant, vous