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un relevé exact de ses penchants, de ses goûts t de ses
mœurs et dé ses passions. Jamais observation ne fut aussi
vraie que pour l'appartement de Serizàrt. Quand il n'y
était pas, son àrtte, pour ainsi dire, y errait encore; on la
sentait partout, quoique invisible : ici, un morceau de
musique de Meyerbéer ne paraissait déployé que pour
elle; sans doute elle le relisait là, en le fredonnant au
loin; à côté, le don Carlos de Schiller montrait sa belle
scène entre Philippe et le marquis de Posa; tout enfin
respirait encore un reste de vie ; ses livres chéris sem-
blaient l'attendre, graves et sévères, au fond de leurs
rayons, semblables au Missel dans le coin du Sanctuaire
pendant l'absence du prêtre ; c'est que là aussi tout invi-
tait au recueillement; au-dessus du foyer flamboyant > un
Christ d'ivoire montrait son corps amaigri par la souf-
france, ses bras- roidis par l'agonie^ et son front q u i ,
déchiré d'épines, se tournait encore vers le ciel, implo-
rant le pardon pour ses bourreaux. Aussi, quand on avait
remué quelque temps les tisons du brasier, qu'on avait
agité ce feu, image des passions de la: vie, et qu'ou-
bliant dans un doux farniente l'univers et ses misères,
nonchalamment allongé dans un large fauteuil, on reti-
rait en arrière sa tête oisive et vide, comme l'homme
qu'on est convenu d'appeler heureux ; c'est alors que ce
cadavre pâle, cette tête blanche et livide, venaient se
dresser devant vous, meurtris et décharnés, et vous ra-
mener au r é e l , au positif de l'existence, au néant des
choses humaines, à la mort. Alors, si vous n'étiez pas assez
ému pour élever votre ame vers Dieu, vous vous leviez
triste, vous fesiez quelques pas dans cette chambre, puis
tout-à-coup plongé dans de profondes réflexions, poul-
ies fuir, vous ouvriez la fenêtre; mais en l'ouvrant, vous