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419 fois jusqu'au délire. Serizan, dans les premiers temps de l'ère chrétienne, eût été martyr; au neuvième siècle, il eût été moine ; au treizième, croisé ; au seizième, bu" guenotj en g 3 , vertueux ; en i 8 3 o , il était soldat, mais soldat comme malheureusement il en est peu , compre- nant tous les dévouements et toutes les gloires, Louis XVI et Mirabeau, Chateaubriand et Bérenger, Voltaire et Demaistre ; les trois couleurs n'étaient pas pour lui seu- lement le drapeau de l'Empire, d'Austerlitz et d'Jéna; il y voyait aussi le drapeau des vieux rois et des jeunes nations, les lys de l'antique monarchie à côté du bonnet rouge d e l à liberté, Fontenoy et Jemmapes, Tui'enne auprès de Marceau. Cet esprit synthétique lui avait aliéné ces hommes d'a- nalyse qui ne voient qu'un point on une ligne, ainsi que cette foule innombrable d'intelligence? mesquines qui ne peuvent pas même apercevoir ni l'un ni l'autre, Son en- thousiasme humanitaire, mot moderne qui peut seul expri- mer la situation anormale dans laquelle se trouvait le capitaine, était bafoué dans son régiment, surtout depuis qu'il ayait affronté les préjugés jusqu'à mettre un beau Christ d'ivoire dans un coin de sa chambre, car pour lui surtout le Christ était l'hômme-Dieu. En méditant l'histoire, il avait toujours yu l'humanité accablée sons sa croix de souffrance, traîne 1 ' sa misérable agonie à travers \ss siècles ; aussi la croix était devenue pour «on esprit le symbole de cette douleur universelle, à Jaquejltf tant dames généreuses cpmme la sjenp.e vou- l a i e n t mettre ujf terme. Tourmenté d'un vague pressen- timent à Ja vue des cpnyulsions terribles d'une sopiété mourante, i\ restait soldat, entendant au loin la rumeur de l'anarchie qui approche, sentinelle sur le qui vive , et