page suivante »
414 privé le coupable de sa liberté , ils l'eussent mis dans l'impuissance de nuire, mais l'inflexibilité du code en à décidé autrement : le meurtrier rentrer a dans la société; il devra son impunité à l'effroi inspiré à ses juges par l'énor- mité de la seule peine qui lui fut applicable. Législateurs, voilà une des con- séquences de votre loi de sang! Ou bien, un jury, ignorant de la portée de ses actes, répondra affirmativement à toutes les questions qui lui seront posées; il aura prononcé ainsi un arrêt de mort, sans le savoir. Et ceci n'est point une vague accusation : récemment encore, n'avons-nous pas eu l'étrange specta- cle d'unjury, frappé d'étonnement et de douleur, en apprenant que, dans la naïveté de sa conscience, il avait dressé un échafaud au lieud'ouvrir une prison? De tels faits , choisis au hazard , parlent assez haut'. Bientôt, sans doute , nous verrons disparaître de nos codes cette page sanglante , qui fait tache à la civilisation du 19 e siècle : mais, en attendant, on ne saurait donner trop de publicité aux généreux efforts tentés par quelques hommes dans ce noble but. Notre ville elle mé me , malgré ses préocupations industrielles , n'est pas restée muett'ê dans ce grand et mémorable procès , intenté à la loi par l'humanité. Déjà , il y a plusieurs années, un membre distingué du barreau lyonnais , M • Thorombert avait examiné cette question , dans quelques pages éloquentes. Aujourd'hui un de nos compatriotes , que nous regrettons de ne pouvoir dési- gner que par des initiales, M. 3. B. M. N . . . . . apporte de nouveaux arguments , en faveur de la réforme de cette partie de notre législation crimi- nelle. SOiis le titre de Réflexions sur la punition des grands crimes, cet écrivain publie un plaidoyer remarquable où sont passées en revue les opinions de la plupart des hommes de talent, qui ont écrit pour ou contre la peine de mort. Chacune de ces opinions est discutée avec la lumineuse logique d'un sens droit, avec la chaleureuse éloquence d'un cœur vraiment chrétien. On comprend qu'il faut étrejeuneet pur pour écrire ainsi, et qu'à celtedoublequalilé ,source de toute éloquence de t'ame , il a fallu joindre de longues et patientes études. Aussi recommanderons-nous la lecture dé cet ouvrage , d'abordau petit nom- bre de ceux qui douteraient encore de la nécessité de l'abolition de la peine de mort, puis, et surtout, à ceux qui, n'envisageant jusqu'ici cette question que sous le rapport du sentiment, doivent apprendre que , en dehors même des considérations de pure humanité , l'homme n'a pas le droit dé disposer de la vie de son semblable. S'il était permis de parler du cadré, après avoir fait l'éloge du tableau, nous «jouterionsque cette brochure est imprimée avec un luxe de bon goût , qui faille plusgrand honneur aux talents typographiques de M. Louis Pem'n. C. F.