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sée dans la douleur me mérite une bonne mort, dont je me suis rendu in-
digne. 0 Seigneur, Dieu de miséricorde, daignez me réunir dans le ciel à
ce que vous m'aviez permis d'aimer sur la terre. »

    Ce serait mentir à la mémoire de M. Ampère que d'o-
mettre de telles pièces quand on les a sous les yeux, de
même que c'eût été mentir à la mémoire de Pascal que de
supprimer son petit parchemin. M. de Condorcet lui-
même ne l'oserait pas.
    Sur la recommandation de M. Delambre, M. Lacuée
de Cessac, président de la section de la guerre, nomma
en vendémiaire an XIII (i8o5) M. Ampère répétiteur d'a-
nalyse à l'Ecole polytechnique. Celui-ci quitta Lyon qui
ne lui offrait plus que des souvenirs déchirants , et ar-
riva dans la capitale où pour lui une nouvelle vie com-
mence.
    De même qu'en g 3 , après la mort de son père, il ne
parvint à sortir de la stupeur où il était tombé que par
une étude toute fraîche, la botanique et la poésie latine ,
dont le double attrait le ranima} de même, après la mort
de sa femme, il ne put échapper à l'abattement extrême
et s'en relever que par une nouvelle étude survenante ,
 qui fit, en quelque sorte, révulsion sur son intelligence.
En tête d'un des nombreux projets d'ouvrages de méta-
 physique qu'il a ébauchés , je trouve cette phrase qui ne
laisse aucun doute: « C'est en i8o3 que je commençais à
m'occuper presque exclusivement de recherches sur les
 phénomènes aussi variés qu'intéressants que l'intelligence
 humaine offre à l'observateur qui sait se soustraire à l'in-
 fluence des habitudes. » C'était s'y prendre d'une façon
scabreuse pour tenir fidèlement cette promesse de soumis-
 sion et de foi qu'il avait scellée sur la tombe d'une
 épouse. N'admirez-vous pas ici la contradiction inhérente