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346 nais, Journel, Bonjour et Barret (depuis prêtre et jésuite), tous caractères originaux et de bon aloi, eu faisaient partie. J'allais y joindre, pour avoir occasion de les nom- mer à côté de leur ami, MM. Bredin et Beucliot ; mais on m'assure qu'ils n'étaient pas de la petite réunion même. On y lisait à haute voix le traité de Lavoisier, et M. Am- p è r e , qui ne le connaissait pas jusqu'alors, ne cessait de se récrier à cette exposition si lucide de découvertes si im- prévues. Admirable jeunesse, âge audacieux, saison féconde, où tout s'exalte et coexiste à la fois , qui aime et qui médite ; qui scrute et découvre, et qui chante, qui suffit à tout; qui ne laisse rien d'inexploré de ce qui la tente, et qui est tenté de tout ce qui est vrai ou beau ! Jeunesse à ja- mais regrettée, q u i , à l'entrée de la carrière, sous le ciel qui lui verse les rayons, à demi-penchée hors du char, livre des deux mains toutes ses rênes et pousse de front tous ses coursiers! Le mariage de M. Ampère et de Mlle Julie Carron eut lieu, religieusement et secrètement encore, le i 5 ther- midor an vu (août 1799), e^ civilement quelques semai- nes après. M. Ballanche, par un épithalame en prose, célébra, dans le mode antique , la félicité de son ami et les chastes rayons de l'étoile nuptiale du soir, se levant sur les montagnes de Poleymieux. Pour le nouvel époux, les deux premières années se passèrent dans le même bonheur, dans les mêmes études. Il continuait ses leçons de mathématiques à Lyon, et y demeurait avec sa femme, qui d'ailleurs était souvent à Saint-Germain. Elle lui donna un fils, celui qui honore aujourd'hui et confirme son nom. Mais bientôt la santé de la mère déclina, et quand M. Ampère fut nommé, en décembre 1801, pro-