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344 de Julie sous prétexte d'une partie de domino ou de soli- taire, c'est de manger une cerise qu'elle a laissé tomber, de baiser une rose qu'elle a touchée, de lui donner la main à la promenade pour franchir un hausse-pied, de la voir au jardin composer un bouquet de jasmin, de troë'ne, d'aurone et de campanule double dont elle lui accorde une fleur qu'il place dans un petit tableau : ce que plus t a r d , pendant les ennuis de l'absence, il appel- lera le talisman. Ce souvenir du bouquet, que nous trouvons consigné dans son journal, lui inspirait de plus des v e r s , les seuls dont nous citerons quelques-uns, à cause du mouvement qui les anime et de la grâce du dernier : Que j'aime à m'égarer dans ces roules fleuries Oïl je t'ai vue errer sous un dais de lilas ; Que j'aime à répéter aux nymphes attendries, Sur l'herbe où tu t'assis, les vers que tu chantas! Au bord de ce ruisseau dont les ondes chéries Ont à mes yeux séduits réfléchi tes appas, Sur les débris des fleurs que tes mains ont cueillies, Que j'aime à respirer l'air que tu respiras ! Les voilà ces jasmins dont je t'avais parée , Ce bouquet de troëne a touché tes cheveux... Ainsi, celui que nous avons vu distrait bien souvent comme La Fontaine , s'essayait alors , jeune et non Sans poésie, à des rimes galantes et tendres. — Mais le plus beau jour de ces saisons amoureuses nous est assez désigné par une inscription plus grosse sur le cahier : L U N D I , 3 juillet (1797). Voici l'idylle complète, telle qu'on la pourrait croire traduite d'Hermann et Dorothée, ou extraite d'une page oubliée des Confessions ; « Elles vinrent enfin nous voir (à Poléwieux) h trois heures trois quarts. Nous fûmes dans l'allée, 011 je montai sur le grand cerisier, d'où je jetai des