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330 POI.ÃDAS. Oui, fort bien; de chacun .Te connais le talent, qui passe le commun. Je ne les Halle point, et depuis que ces princes Ont dégarni Paris el toutes nos provinces, Et qu'ils ont fait pester tous messieurs les auteurs, De leur avoir ravi l'élite des acteurs, Le Marais est à bas, l'Hôtel même chancelle, Et le Palais Royal ne bal plus que d'une aile. Il y a effectivement de la facilité dans ces vers^ mais nous avons vu que Chappuzeau parle ailleurs de la difficulté avec laquelle il écrivait. L'âge, sans doute, avait amélioré son talent. Chappuzeau fut précepteur de Guillaume ni, roi d'An- gleterre, et ensuite gouverneur des pages auprès de Georges, duc de Brunswick-Lunebourg. Il conserva cet emploi jusqu'à sa mort, arrivée à Zeîl, le 31 août 1701 (1). On a peine à croire que Chappuzeau, après avoir été précepteur d'un prince , soit mort dans une misère telle qu'il l'exprima dans un sonnet qu'il écrivit, suivant les biographes, trois jours avant sa fin, et où il se plaignait d'être en même temps vieux, aveugle et pauvre. Mais qui ne sait que la reconnaissance n'est pas la vertu des cours. Quoiqu'il en puisse ê t r e , on peut dire qu'il ne démentit point l'horoscope qu'il s'était fait annoncer par Gringalet, à la fin de la comédie mentionnée lout-à -1'heure : Et toi, qui que lu sois, médecin ou poète, Si le bon Dieu pour toi n'inspire quelque grand, Tu seras toujours gueux et toujours Juif-Errant. Chappuzeau, du reste, avait plus de goût que de talent pour la poésie dramatique. Son Histoire du Théâtre Français, ouvrage informe el médiocre, n'est recommandable que parce qu'on y voit à peu près l'état des spectacles du temps de (1) La Biographie univ. dit qu'il mourut le 18 août ; cependant Moréri et l'Histoire du Théâtre-Français disent qu'il mourut le 51.