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« moyens de Je polir.,. J'ai passé le plus beau temps de mon
« âge loin de la cour et des bons esprits, sous un climat
« étranger et assez froid pour éteindre quelque petit feu
« que j'aurais pu apporter de ma naissance, et, depuis quatre
« ans que je puis me dire Lyonnais, j'ai de la peine à me croire
« en France, vu qu'il me faut converser jour et nuit en toute
« autre langue qu'en français (1). »
Le privilège pour l'impression de Lyon dans son lustre est
daté de 1655; Chappuzeau vint donc à Lyon vers 1651. Né
p a u v r e , il chercha par son goût pour la poésie et pour la
médecine à réparer les torts de sa mauvaise fortune. On
verra qu'il ne put en venir à bout, et qu'il ne rencontra point
dans les antichambres des grands ce qu'il n'avait pas trouvé
sous le toit paternel. Fut-il heureux à Lyon? Il semble que
oui. Son livre prouve du moins qu'il y jouissait d'une certaine
considération.
Pour en revenir à notre c i t é , il dit « qu'elle est à la fois ce
« qu'une Florence la b e l l e , mie Naples la gentille, et une
« Gênes la superbe sont séparément (2). Le N o r d , qui pousse
« souvent sa bise avec trop de violence , ajoute-t-il, n'a pas
.« sur elle un empire l i b r e , et la Crois-Rousse offre un bon
« écran contre ses froideurs. Fourvières s'oppose de même
« aux tourbillons du Couchant, et le Midi est d'intelligence
« avec le soleil pour ne lui envoyer jamais de nuages si épais
« que ce grand flambeau ne perce de ses r a y o n s , ou que sa
« chaleur, des plus tempérées, ne fasse dissoudre en pluies
« fécondes , pour engraisser son riche terroir (3). »
J'aime beaucoup cet éeran, mais nos dames conviendront
qu'il n'est pas très-efficace contre les froids septentrionaux.
L'intelligence du Midi avec le soleil m'est aussi quelque peu
suspecte. N'y regardons pas de si près néanmoins.
(1) Lyon dans son lustre, pag. 5-6.
m Pag. 9.
(3) Pag. 10.