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  ressembler tous plus ou moins à des images coloriées. Nous croyons pourtant
. que la figure du saint manque d'inspiration , et que la draperie qui couvre
  une partie de ses bras est exécutée un peu mollement. On a reproché à ce
 tableau d'imiter trop la peinture de M. Ingres, mais ne l'imite pas qui veut.
    Outre le portrait de M. le baron de Prony, que nous avons vu à notre
 Exposition des Amis des Arls, M. Cornu a, au salon de cette année, une
 sainte Anne instruisant la Vierge ; c'est un tableau de grande dimension, et
 M. Cornu s'en est tiré avec talent. Les draperies sont d'un bon goût, et si l'on
 peut reprocher un peu de lourdeur dans le groupe de la Vierge et de sainte
 Anne , la partie supérieure du tableau , où se trouve représenté le Père éter-
 nel soutenu par deux anges, est d'un style élevé et d'une manière de peindre
large et sans système. Cette toile est destinée à la chapelle où est enterré
Duguesclin dans l'église de Saint-Laurent-au-Puy.
     M. Perlet, dont nous avons vu, il n'y a pas long-temps, une sainte Philomèle
  d'un style si évangélique, a , dans la partie la plus sombre de la plus sombre
 galerie du Louvre , un sujet tiré de l'Ancien Testament : c'est Noémi disant
 adieu à ses belles-filles, Rulh et Orpha. Autant que nous avons pu en juger,
 sa composition est simple et vraiment biblique; il y régne un sentiment exquis
 de mélancolie. Comme il y a de la sensibilité dans cette figure de Rulh, qui
s'attache à sa belle-mère et qui lui dit ces douces paroles : « Ton peuple sera
 mon peuple , ton Dieu sera mon Dieu. » Il est fâcheux que l'artiste n'ait pas
 exécuté ce sujet dans une plus grande dimension ; il y aurait beaucoup
gagné. Celle figure d'Orpha , telle qu'elle est, serait bien mieux si elle était
 une fois plus grande. Ce qui nous prouve que M. Perlet pourrait très-bien faire
en grand, c'est cette Tête de saint Jean-Baptiste qu'il a encore à l'Exposition;
 elle est ferme de dessin, bien modelée et d'une couleur toulitalienne.il
faut cependant savoir gré à M. Perlet d'avoir su faire de la grande peinture
en petit ; il y en a tant qui font de petites choses daus de grandes proportions !
    Nous voici arrivés à M. Biard, le plus fécond de nos peintres, comme il en
est aussi, dit on, le plus spirituel. M. Biard a fait depuis l'année dernière six
tableaux, dont un très-grand, Duquesne délivrant les captifs d'Alger. Ce ta-
bleau , exécuté avec une extrême habileté de pinceau, est d'un bel aspect
et d'un effet très-piquant ; la composition en est heureuse , mais il faut que
M. Biard se méfie de la charge dans ses compositions sérieuses. Ainsi il y a là
tel captif qui a plutôt l'air de venir de la guinguette que d'une ville où le vin
est proscrit.
    te Moi au milieu de la Garde nationale sur la place du Carousel, dans la
nuit du 5 juin 1832, est une composition officielle dont M. Biard s'est bien
tiré, mais gardé nationale pour garde nalicaale , nous préférons son tablea^-
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